| | | par Sylvain Zanoni le 22/05/2005
| Morceaux qui Tuent Ton regard m'effraie
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| Qu'est ce qui fait headbanger grave sous les palmiers ? C'est cette jeune scène neo metal du Sud de la France, avec ses groupes talentueux, Mal d'Aurore, ETHS, Sikh et... Keishah ! Après le maxi "Trip" (2002), voici un album éponyme qui devrait les imposer comme un porte-drapeau incontournable. Au niveau des influences, la bête a parfois des spasmes de Mass Hysteria, System of a Down, Limp Bizkit, Lofofora ou Meshuggah pour les moments les plus agressifs (l'instru de "Ce pouvoir"). Avec de tels mentors : difficile de se planter !?
"Dans mon repaire" donne le ton avec ses samples répétitifs qui mystifient, embrayant rapidement sur une guitare hargneuse et une basse volubile à souhait. La production, confiée à Serge Begnis des studios Update (ETHS) est excellente : précise, lourde, compacte mais respirable, même si les guitares auraient gagné à être un peu plus épaisses et travaillées. Là où Keishah fait fort, c'est au niveau du chant : un duo rap/death metal en totale osmose, qui confère une sacrée originalité à des compos où l'on attend pas forcément les enchaînements voix claire/gutturale. Les paroles sont très directes et ont pour thèmes principaux les illogismes de nos modes de vie ("Uniforme") et la confrontation permanente à la peur ("Ton regard m'effraie", farouche et dramatique). Un appel au ras le bol, un dernier baroud par-delà la souffrance, au travers d'exhortations (le brûlot "Explose"). On appréciera aussi les talents de programmation du guitariste multitâches Nico, et la judicieuse intégration de ses créations parfois à la limite du trip-hop (l'inévitable "ghost-track", entièrement électronique).
Que manque-t-il à Keishah ? un grain de folie supplémentaire ? des atmosphères un peu plus variées ? Le plan sample "gentil" suivi d'une grosse guitare est un peu récurrent, mais on ne boudera pas son plaisir : avec ses mélodies qui rentrent dans la caboche, cet album réserve de bien agréables moments. |
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