Une couleur de plus au drapeau

KDD

par Christophe Nicolaïdis le 19/05/2000

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Une couleur de plus au drapeau


KDD fait un constat : les temps changent ! Chaque titre convainc par le réel talent d'une écriture assez éloignée de la dentelle. Les cinq membres du groupe toulousain, traitent de sujets "classiques" avec cette violence verbale sans concession, qui parfois agace chez certains suceurs de micro sans talent. Avec KDD on entre dans des textes sombres et réalistes ("Qui sera le prochain"), quand certains ne font que du beurre sur la misère. "Une couleur de plus au drapeau" est un plaidoyer contre l'hypocrisie sociale, les compromissions, l'individualisme qui nous bouffe. "Artifices" (avec la collaboration des "victorieux de la musique" du 113) devient bouleversant quand on parvient à lire entre les lignes et à découvrir la désillusion atroce logée derrière le tableau "enfumé". Suivent "Le geste" et "Neuf mois", qui abordent avec pudeur, et avec leur lot d'émotions, un sujet rare dans le hip hop d'aujourd'hui : l'amour et le pardon. Soutenu par une musique innovante car souvent inspirée du savoir faire des "dancehalls", le style est direct et simple, jouant sur l'efficacité d'une rythmique affirmée ("Qui tu es", "Si tu aime ça"). Depuis "L'homicide volontaire", le boulet rouge d'Assassins en 1995, sans oublier certains brûlots des respectés NTM, "Ghetto cocaïne" assène froidement et avec humanisme des vérités qui sont toujours bonnes à rappeler. Révolutionnaire, KDD le justifie par une phrase sur "Vie de crevés" : "Si je rêve de richesse... c'est qu'on sait tous dans qu'elle merde on est !". Fort d'une expérience de la scène depuis 1994, KDD n'a pas voulu jouer la facilité et choper la grosse tête. Ce troisième album confirme une faim de succès légitime et Toulouse sera certainement bientôt un vivier du hip hop français.