Wameedd

Kamilya Jubran et Werner Hasler

par Hugo Catherine le 25/03/2006

Note: 8.0    

L'album "Wameedd" n'est jamais aussi jouissif que lorsqu'il tient au plus près les vocalises de Kamilya Jubran, chanteuse et musicienne palestinienne, et l'architecture électronique suisse de Werner Hasler. La voix, ponctuée d'incursions d'oud tout à fait pertinentes, prises dans des boucles électroniques très délicates, atteint un degré convaincant de lyrisme fragile avec une certaine facilité. Le rythme de la diction de la chanteuse, parfois forte en gorge, mi-dansante, mi-plaintive, met en valeur les sonorités de la langue : les "h" happés, les "r" mouillés déboulent, alternant précipitations linguistiques et phases de suspension rythmique.

Cette voix, empruntant aux techniques du chant traditionnel, est merveilleusement servie par la finesse électronique de l'album. Tantôt discrets, tantôt sombres, les beats et bidouilles sont les éléments d'une orfèvrerie sonore où les montées émotionnelles et le spleen ont la part belle. La palette électronicienne de Werner Hasler sublime les vertus acoustiques de la voix : battements percussifs, groove grondant, basse lancinante et pulsations infra-basses forment un paysage aux cadences justes. Le partage de l'espace entre la voix et l'électronique nous enivre même parfois de refrains entêtants.

"Wameedd" détient un certain pouvoir d'envoûtement. Ce dernier est d'ailleurs particulièrement marqué lorsque l'album privilégie les tonalités festives. En effet, certaines implorations plus mystérieuses et certains riffs plus bluesy rendent peut-être un peu moins bien compte de la volupté sonore indéniable de "Wameedd".