Membre fondateur du groupe toulousain Aquaserge (2005), nébuleuse expérimentale (du jazz au rock et même musique contemporaine) autour de laquelle gravitent pas mal de musiciens, Julien Gasc publie ce quatrième disque sous son nom (depuis "Cerf, biche et faon" en 2013). "Re eff" fait suite à un Ep de reprises de musiques brésiliennes, "Serpentes" (2020).
Jazz, musique brésilienne.. musicalement cela place la barre assez haut, une sorte de frontière naturelle avec le tout-venant pop-rock, qui marque un peu une différence de classe. A la première écoute, les chansons de Julien Gasc se veulent on ne peut plus onctueuses et savantes, traversées d’influences tropicales. Il chante d’une voix un peu détachée mais pas froide, à l'image d'Astrud Gilberto dans les années soixante… côté français on pense à Pierre Barouh, passeur amoureux de la bossa nova, Areski Belkacem (par ailleurs signé chez Saravah, la maison de disques de Barouh)… et même à Philippe Katerine, période pré-amuseur public populaire. Le piano est au cœur des compositions, autour duquel se greffent des arrangements au goût sûr, joués par des musiciens impeccables (enregistrement à Londres au studio Haha Sounds de Syd Kemp, le bassiste, avec d’autres musiciens anglais et Livvy O’Hagan, la fille de Sean des High Llamas).
Il se passe quelque chose à l’écoute, mais le climat reste trop tempéré et égal. Au vu du CV de Gasc on aurait pu s'attendre à davantage de surprises, de détours. On est aussi gênés par les sonorités des mots employés (à l’image du titre du disque, "Re eff", pas très aguicheur) les cassures un peu forcées des syllabes… Julien Gasc semble davantage habiter son chant et trouver son rythme sur les dernières chansons.
JULIEN GASC Tout ne peut pas nécessairement donner quelque chose (Clip 2022)