| | | par Jérôme Florio le 19/07/2003
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| Depuis quelque temps, le rock US se fait prendre en sandwich par des groupes mixtes qui lui redonnent des couleurs : vanille-fraise avec les White Stripes, bête à deux dos en cuir noir chez les Kills... Mais avec Amber Valentine et Ed Livengood, le rock perd tout goût de vivre : en pleine descente, les yeux vitreux, il traîne dans les rues d'Athens un cafard qui pèse des tonnes. De coups de guitares marteau-piqueurs à l'humeur maussade ("Vulture story") en accalmies patraques ("Torch"), il cherche à masquer son ennui derrière d'épaisses couches de maquillage : hard-rock (jusque dans la consonance vaguement "sataniste" du nom du groupe), noisy-pop ou mélange métal-punk redoutable sur "Fight song" et "Amplifier". Empruntant aussi aux groupes "shoegazers" du début des années 90 (My Bloody Valentine, Lush - que devient la jolie Mikki ?), les mélodies se planquent derrière un mur du son épais ou cotonneux imbibé d'éther - celui utilisé pour les anesthésies générales. Amber Valentine semble n'être là pour personne : de son filet de voix désincarné, froid et déshumanisant comme une drogue dure, elle chante des mots qui ne sont que des coquilles creuses. Elle semble se faire (du) mal par simple désuvrement, en s'arrachant les cordes vocales avec des hurlements gutturaux ("Queen b."). Une façon comme une autre de tuer le temps. Sur le dernier tiers du disque, les ambiances se font plus tordues ("Surface tension"), "Lazing" est une dérive dans un état second qui s'achève par cette phrase terrible : "you make me feel like coming clean" ("tu me donnes envie de devenir clean"). Sur la pochette et le livret, les Jucifer se sentent obligés de préciser que "I name you destroyer" est un acte d'amour : on n'est pas obligés de les croire. |
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