Jon Mark reste un
inconnu en France, sauf pour ceux qui adorèrent - j'en suis -
l'album "The turning point" de John Mayall en 1969, quand
après des aventures blues et acides en Californie ("Blues from
Laurel Canyon" 1968), le bon John revenait à une petite formation sobre
et dépouillée, sans batteur, avec pour seule rythmique la basse de Steve Thompson
et la guitare acoustique finger style de Jon Mark. Là, sur une heure, Mark
étalait un feeling et une finesse inégalables. Il quitta Mayall peu
après pour créer avec Johnny Almond, saxophoniste sur ce
même "Turning point", l'aventure Mark-Almond
band.
Mais Jon Mark en 1969 avait déjà un passé, parfaitement inconnu jusqu'à aujourd'hui où est exhumé cet obscur album de 1965, "Sally free & easy", que
l'on qualifiera de trésor caché. Lorsqu'il est découvert en 1964 par Shel Talmy, le
producteur des Kinks et des Who, Jon Mark gagne sa vie en accompagnant les débuts de
Marianne Faithfull. Produites par Talmy (alors en pleine gloire "You really got me"), les chansons de Jon Mark sont dans le droit fil de celles des
folkeux anglais du début des sixties, Davy Graham, Bert Jansch, mais moins traditionnelles qu'elles, introduisant des arrangements plus progressifs (il faudra attendre 67 pour une révolution folk plus radicale avec Fairport Convention), rendant l'écoute un rien moins austère (qui peut écouter un album
d'Ann Briggs en entier ?!).
Réédité ici avec
quelques titres inédits (une reprise de "Blues run the game"
de Jackson C. Frank), "Sally free & easy" offre une originalité qui fera des petits quelques mois plus tard : on y entend du sitar pour
la première fois sur une production anglo-saxonne.