| | | par Frédéric Joussemet le 22/09/1999
| Morceaux qui Tuent Caravanesque secretly happy
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| La musique développée par Jon Hassell est un univers parallèle, où les notions de temps et d'espace semblent s'effacer. Non pas qu'elles n'existent plus, mais il ne s'en soucie pas, tout simplement. Un morceau commence et finit, un autre le remplace... Tout se prolonge sans briser l'éther musical, s'évaporant des formes libres du trompettiste. Il n'est pas seul, un oud, une flûte en bois, quelques percussions ainsi que d'autres instruments plus traditionnels (contrebasse, piano...) distillent des ponctuations ou soli. Le tout est de doser, car un silence a autant de poids qu'une note dans ces recherches spatiales et improvisatrices. On retrouve certains éclats connus, issus de la musique répétitive où Jon Hassel a sévi à ses débuts, en compagnie de Terry Riley ou du Kronos Quartet. Jan Garbarek vient immédiatement à l'esprit bien sûr, mais une trompette n'est pas comparable à un saxophone, le toucher est ici plus souple, les attaques mesurées. La comparaison serait plus facile (voire enfantine) avec Miles Davis, particulièrement dans "In a silent way". Pourtant, le fonctionnement n'est pas le même, il n'y a pas d'instrument faire-valoir, exécutant sans cesse la même séquence. Tout le monde risque, flotte au-dessus du rythme tout en lui restant fidèle pour échapper à la cacophonie. Surtout, un élément fait défaut à Miles Davis et Jan Garbarek : l'humilité du leader. Il n'est pas rare en effet que la trompette soit quasi absente d'un morceau, principalement au profit de cette flûte en bois si chaude. "Fascinoma" est un retour à l'acoustique pour Hassel, après ses recherches sur l'électronique. Seule une réverbération atmosphérique élève ici les sons, dégageant la langueur de l'album vers une beauté pure. Un album rare, où il est facile d'entrer, comme de sortir trop vite car l'auditeur doit être sous tension, presque actif dans son écoute : c'est le prix de la magie. |
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