| | | par Chtif le 19/08/2004
| Morceaux qui Tuent I smell smoke
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| Toute la planète est envahie par MTV. Toute ? Non. Un irréductible bluesman résiste encore et toujours à l'envahisseur? Vieux refrain de circonstance pour cette nouvelle livraison en forme de profession de foi du célèbre guitariste albinos.
Johnny Winter revient après 6 ans d'inactivité, le temps de se retaper un peu après de nombreux ennuis de santé. Faut dire aussi que passer sa vie à sillonner l'Amérique pour prêcher la bonne parole, un bon sac de poudre sur le siège passager, laisse forcément des traces, le Johnny n'y étant pas allé avec le dos de la cuillère, question sniffette... Alors bien sûr, il ne faut plus s'attendre à ce que le gaillard hurle son blues à la mort, ou ressorte des solos grimaçants et contorsionnés sous le Stetson. Mais à plus de 60 ans, Johnny Winter en a encore dans les doigts (tout le monde ne peut en dire autant, voir Jimmy Page, aujourd'hui complètement cramé par ses "exploits" passés au sein de Led Zeppelin ?) et n'a pas perdu grand chose de sa dextérité.
L'affaire part pourtant mal, les premières secondes font craindre le pire avec un son boursouflé au possible, on croirait une méthode d'improvisation, genre «Blues en Mi» : roulement de batterie, accompagnement guitare, orgue peu engageant, lâchez les ballons ! Heureusement, on réalise vite qu'ici, le gars ne fait pas joujou sur sa Playskool. Johnny a certes la voix un peu fatiguée mais sa guitare, elle, est toujours verte : il dialogue sans cesse avec sa belle, distillant ses riffs par petites phrases, tantôt agressives, tantôt caressantes.
Bien sûr, tous les clichés du blues sont là, de l'harmonica boogie au passage acoustique obligatoire ("That wouldn't satisfy"), et l'ensemble sonne plus proche de Gary Moore que du blues rural originel. Les réfractaires au style ne risqueront d'ailleurs pas de changer d'avis avec ce disque, mais les autres succomberont au bout de deux morceaux et trois bières. Car il ne faut pas nier que le vécu du guitariste joue pour lui : quoi de plus authentique qu'un vieux bluesman qui vire sa donzelle ("Pack your bags"), affronte ses démons sur "Monkey song", ou reconnaît avoir vendu son âme au blues sur "I smell smoke", le meilleur titre de l'album au demeurant.
Il y a des choses qui ne changeront jamais.
AC/DC ne composera jamais de ballade.
Jeff Beck en voudra toujours à Hendrix.
Certains préféreront toujours Lennon à McCartney.
TF1 fera toujours croire aux gamines que le mot "star" a été inventé pour elles.
Bernard Menez ne se débarrassera jamais de sa "Jolie poupée".
Et Johnny Winter jouera toujours le blues, avec une constance et une foi qui force le respect. |
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