The purple hearted youth club

John Wayne Shot Me

par Jérôme Florio le 15/06/2005

Note: 7.0    

Le premier album des hollandais John Wayne Shot Me (JWSM) s'appelait "Fortran catapult" : Maricke, Merijn, Geert et Thijs ont l'air plus du genre à fantasmer sur des langages informatiques désuets que sur des instruments vintage. "The purple hearted youth club" continue cette innofensive régression vers une adolescence autant marquée par les jeux vidéos que par le rock : Mario et les Ramones (19 titres en 35 minutes !) même combat - et dans les deux cas, le refus de grandir.

"The purple hearted youth club" ressemble à une version sci-fi de "La prisonnière du désert", dans lequel John Wayne troque son vieux colt contre un sabre laser à la mode, et Natalie Wood se fait enlever par les aliens de "Mars Attacks !" : les JWSM évoluent dans un univers grossièrement pixellisé aux couleurs vives, plus proche du bricolage amateur que d'un Pentium IV. Représentants d'une génération décomplexée, ils citent aussi bien Jonathan Richman que Napalm Death, Daniel Johnston que Destiny's Child. Les claviers de "Let the sleeping monsters sleep" font penser à des Grandaddy qui auraient passé plus de temps sur les consoles de jeux que sur des planches à roulettes : des "nerds" un peu déconnectés, des Beach Boys virtuels qui jouent à des simulations de surf.

Le disque mélange allègrement les guitares avec des rythmes basiques d'orgue Bontempi, et des sons tirés de vieilles bornes d'arcade genre Space Invaders. Il fera son petit effet madeleine à ceux qui ont trimé sur Bubble Bobble ou Wonderboy, mais ne laissera pas de côté les simples amateurs de pop énergique. Toutes proportions gardées, les JWSM réussissent là où Neil Young avait échoué avec "Trans" (1982) : humaniser des sonorités électroniques, les rendre mélancoliques, ou déjantées et joyeuses (il leur faut à peine quarante secondes pour entonner les "yeah yeah yeah" sucrés et de rigueur de toute power-pop qui se respecte). Concentrés dans des formats très courts et speedés, l'ensemble des titres fonctionne bien (même s'ils sont parfois un peu programmés), jusqu'à un "The purple hearted Enzo" presque inquiétant. Game Over.

On se prend à chercher une fente sur la chaîne hi-fi pour y insérer une pièce de monnaie et refaire une partie. "Insert coin" !