Raconter l'histoire de John Mayall revient à dresser l'arbre généalogique du blues anglais des années soixante et soixante-dix ! A l'instar d'un Miles Davis dans le jazz, celui que l'on considère comme le pape du blues-rock anglais (Alexis Korner en assumant la paternité), a fait défiler au sein de ses Bluesbreakers nombre d'inconnus guitaristes, bassistes ou batteurs devenus pour la plupart gens de renom. Des exemples ? Peter Green, Mick Fleetwood, Eric Clapton, Jack Bruce, Aynsley Dunbar, Dick Heckstall-Smith, Colin Allen, Mick Taylor, John McVie... tous partis fonder ou rejoindre Fleetwood Mac, Stone the Crows, Colosseum, les Rolling Stones, les Cream, Frank Zappa... De 1964 à 1969, Mayall sort une dizaine de disques pour Decca. Tous sont de beaux disques de blues, avec deux constantes, l'harmonica du patron et un guitariste haut de gamme. Les deux derniers enregistrés pour le label (avant de passer chez Polydor), "Bare wires" et "Blues from Laurel Canyon", se démarquent et sont les plus pop de tous. Mayall vient de s'installer en Californie où il est un des rares anglais, avec Pink Floyd et les Cream, à apparaître sur les affiches continuellement démentes de clubs comme le Fillmore West ou l'Avalon de San Francisco. Deux albums proches de ce que faisaient alors les groupes locaux de blues-rock, le Butterfield Blues Band ou l'Electric Flag. Ce "Best of" de toute la période Decca est un formidable résumé, très bien présenté, avec son remastérisé. On y croise Clapton et Peter Green et on y entend la version Mayall (la meilleure jamais enregistrée ! ) du "Double trouble" de Otis Rush.
Ci-dessous, un passage TV en play back de la formation 1968 des Bluesbreakers, celle qui pondit l'album "Blues from Laurel Canyon" : Stephen Thompson (bs), Colin Allen (bt) et Mick Taylor (gt). JOHN MAYALL & BLUESBREAKERS Walking on sunset (TV Allemagne 1968)