| | | par Hugo Catherine le 02/12/2006
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| "Phrasen" est un duo à cinq où chacun joue parfois à celui qui ira le plus vite. Le déferlement de notes de Joachim Kühn et du Quatuor IXI est plutôt acharné. De plain-pied sur le terrain de la musique contemporaine, l'album est percutant lorsqu'il sait jouer de la proximité entre ce genre même et le jazz. Les accords de piano de Joachim Kühn, lorsqu'ils se rapprochent de la note bleue, soutiennent de façon assez originale les virées contemporaines du quatuor.
Il va s'en dire que "Phrasen" nous donne à entendre des musiciens d'exception. Cordes frappées, cordes frottées, nos deux têtes chercheuses exécutent leurs partitions dans un double souci de vivacité et de sérénité. Ainsi, le premier morceau, qui donne son titre à l'album, nous envahit par un mouvement de crescendo où chaque instrument semble à la recherche d'interstices épars. Folle de vitesse, l'exécution est vive, jusqu'à un accord final étonnamment clair après l'exposition de couleurs plus grinçantes. D'autres morceaux, comme "Go from here" ou "Kyrie, messe à l'usage ordinaire des paroisses", développent des thèmes mélodieux qui s'apparentent plus à des études. Leur interprétation est aisée et ample, les thèmes eux-mêmes apaisent.
La sérénité des mouvements inspire tristesse et gaieté. Les rythmes syncopés et les chaloupes partagent l'espace sonore avec des phrases bien moins sautillantes. Tout l'intérêt de l'album réside sûrement dans la superposition raisonnée ou l'apposition d'atmosphères mêlées. Quand le piano est las, le quatuor virevolte, et vice versa. Les cordes de ce duo ont assurément du souffle. En sommes-nous soufflés ou essoufflés ?
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