"Travelling blind", produit en 2008 par Sébastien Martel, a les mêmes qualités intrinsèques que le récent et près de l'os "As leaves", avec plus de variété au niveau des arrangements. Les fondamentaux sont là : le picking sans ostentation et la voix grave, ouatée, suffisent à planter le décor. Yamouridis est un cavalier au costume classe et un peu élimé, qui nous entraîne dans un bal laid-back et hypnotique ("The rider"), chaloupé par moments ("Grass and dew"). A la fois très présent et en retrait, Sébastien Martel arrange chaque titre avec une trompeuse simplicité qui ne sied qu'aux meilleurs - flûte ("As leaves"), rythmique électro minimale ("The open boat"), clarinette... et un peu partout des guitares belles et sobres. On a pu lire ça et là des comparaisons avec Leonard Cohen, ce qui est un peu rapide... sauf quand des choeurs viennent donner des formes féminines à "Travelling blind" (Julia Sarr, Camille). On pense davantage à des films comme "La rivière sans retour" (1954) avec Marilyn Monroe et Robert Mitchum, une ambiance de western finissant mais pas triste, étonnamment chaude et enveloppante ("Over we go").