| | | par Sophie Chambon le 27/12/2004
| | |
| Jérôme Sabbagh vit et travaille à New York depuis dix ans : repéré, entre autre collaboration, dans le précédent album "Like a tree in the city" d'un autre exilé, le pianiste Laurent Coq, le saxophoniste ténor a choisi le label au titre suffisamment évocateur Fresh Sound New Talent pour publier "North" son premier album à la tête d'un quartet composé de Ben Monder, Joe Martin et Ted Poor.
Jérôme Sabbagh est le concepteur de musiques finement et diversement ciselées, chacune installant son climat propre. L'ensemble atteint une unité et justesse de ton parfaites qui font de chaque morceau un véritable concentré d'univers musical, tendre, serein, voluptueux même. Avec une grande liberté de ton, un étonnant sens de l'envol, un phrasé souple et élégant, il impose un jeu précis et clair comme dans cet "Hymn" sur lequel le guitariste Ben Monder prend un solo exalté autant que pudique. Une rythmique aussi efficace que discrète accompagne avec chaleur les solistes et ainsi la musique s'insinue doucement, distillant le bonheur simple des mélodies subtiles, qui touchent.
Un album chatoyant toujours en recherche d'harmonie, du sombre à l'éclatant, du concentré au diaphane, ouvert à des conversations éloquentes et complices, avec une attirance marquée pour l'idiome jazz, éternel et donc irrésistible. Sans flamboyance, ou brillance inutile, "North" conduit vers un imaginaire rêvé, bien équilibré entre ballades séduisantes ("Follow the light"), blues nonchalant ("Sick Leo"), énergie d'un "Trip" bien rythmé jusqu'à la promesse tenue d'un final vaporeux avec "Not quite blue". Coup d'essai transformé pour un disque inaugural : à savourer délicatement. |
|
|