| | | par Sophie Chambon le 22/02/2008
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| Gérard de Haro est aux commandes d'un des plus formidables studios d'enregistrement actuels, La Buissonne. Il a fini par céder à la tentation de créer son propre label en 2003, et sa première livraison "maison" fut alors un coup double : un solo de Jean-François Jenny-Clark capté sur le vif au Bass Festival d'Avignon en 1994 et "Vents et marées" du pianiste Jean Sébastien Simonoviez.
Quatre ans plus tard, Gérard de Haro retrouve le pianiste pour un projet terriblement ambitieux mais parfaitement abouti : jouer avec les cordes "Crossing life and strings", réunir trois des meilleurs contrebassistes de jazz actuels, Barre Philips, Riccardo del Fra et Jean-Jacques Avenel, leur adjoindre celui qui introduisit la basse électrique dans le jazz, Steve Swallow, et enfin se faire plaisir en ajoutant à l'ensemble le quatuor à cordes Opus 33 pour exécuter certains des arrangements raffinés du pianiste, auteur de nombreux thèmes.
De quoi créer des formules à géométrie variable, toutes sortes de duos autour de ces thèmes, comme "Om" de John Coltrane revisité trois fois. Un véritable festival de cordes où techniques et manières diffèrent, mais malgré ces différences l'unité de l'album frappe par sa belle cohérence. Le répertoire, où Coltrane est présent dès "Welcome" le thème inaugural, est subtilement construit, alliant à la ferveur quasi mystique de certaines mélodies, la rêverie romanesque ("My ship" de Kurt Weil et Gerswhin), des climats sereins, presque tendres ("A une passante" de Léo Ferré), d'autres plus méditatifs ("Cavatina").
Le tout forme un album lumineux, céleste, comme cette dernière composition qui rassemble tous les musiciens du projet autour de "Cosmos", une suite en trois parties.
Le piano est l'expression d'une sensibilité accordée à une certaine idée de l'instrument : pas de cascades de notes, de recherche de performance, on "entend" pourtant parfaitement sa sonorité cristalline et tendre, tranchante aussi. Un phrasé si clair qu'il en est presque limpide. Un intimisme exacerbé était la marque de l'univers du pianiste dans l'exercice du solo. En accompagnateur humble et fidèle d'autres cordes, il laisse les développements prendre leur temps, s'abandonnant à "la petite musique des sphères".
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