Il existe dans le système médiatique français une espèce de sésame occulte, officieusement appelé 'la carte'. On n'a jamais très bien su quels en étaient les critères d'attribution, ni surtout qui la décernait, mais être un 'bon client', facile à traire et propre sur soi, affichant de bonnes ventes présentes ou passées (donc d'audiences) assure l'entrée au club, généralement à vie.
Ce système, classique et même fondateur dans la galaxie mercantile d'aujourd'hui de type TF1 (ce qui se vend EST bien), est aussi curieusement bien développé dans les créneaux radio-Tv dits "culturels" et de bonne réputation, sur la radio de service public par exemple. Il permet à certains d'occuper sans scrupule en permanence le réseau, condamnant de moins complaisants à l'obscurité. Un système qui garantit depuis des années l'exposition médiatique à des romans de gare de poseur (Yves Simon), de la vidéo surveillance (Claude Lelouch) ou de la variété sans intérêt (
Jean-Louis Aubert).
Oui
Jean-Louis Aubert a la carte. A peine estompé le soulagement du split de Téléphone (vous avez essayé de réécouter "La bombe humaine" !?), Aubert a surgi en solo, et disques d'or du passé en guise de passeport, s'est vu accrocher son sésame. "Alter ego" est aussi chiant et niais que les chansons chiantes et niaises des années soixante-dix, celles des pauvres Gérard Lenorman ou Christian Delagrange, et on ne voit toujours rien venir du côté des cours de chant. Lors d'une ancienne émission de Pascale Clarke sur France Inter ("Tam tam" souvent
à la carte mais heureusement pas toujours), il avait déclaré sans rire, entre deux lieux communs et trois banalités, qu'il avait "atteint la simplicité d'un
Tom Waits ou d'un
Neil Young", Aubert semblait croire à ce qu'il disait... Et pendant ce temps-là, Allain Leprest crèvait la dalle,
Bonzom ramait et François Hadji-Lazzaro jettait l'éponge...