| | | par Jérôme Florio le 10/09/2007
| | |
| "Contort yourself", "Melt yourself down", "Flip your face" : des mots d'ordre jetés au visage du New-York de la fin des seventies, et impensables ailleurs. Où donc imaginer la création de ce son aussi arty qu'instinctif, aussi violent que métissé, et méchamment dansant ?
James Chance signe en 1979 sur Ze Records, label franco-américain qui héberge Alan Vega, Kid Creole, Lizzy Mercier Descloux, Lydia Lunch… En partie grâce à Brian Eno, qui en produisant en 1978 la compilation "No New York" (avec quatre titres de James Chance & The Contortions) a grandement contribué à la reconnaissance du mouvement "No wave" : une musique en rupture avec les schémas pop, caractérielle et crissante, aussi dure que désordonnée dans sa structure.
"Soul exorcism redux" est un live de 1980 à Rotterdam qui capte parfaitement le funk de zombie, tout tordu et grimaçant, de James Chance. Une fêlure sur le vernis urbain d'où s'échappe de la sauvagerie - ce n'est pas qu'une image : dans le public, il valait mieux ne pas avoir une tête qui ne revenait pas au "sax maniac" (titre de son disque de 1982 avec The Blacks). Chance éructe comme un cinglé, fait couiner son sax ténor, s'écharpe sur son clavier aigrelet. Pour soutenir ses extravagances, un groupe funk cassé et raide comme la justice, constitué pour la plupart de musiciens noirs rompus au free-jazz ou au funk : la rythmique est implacable, les trompettes criardes, les guitares dérapent dans une gelée glissante. En transe, James Chance propose une musique de confrontation, volontairement provocatrice, un jazz-funk camé au couleurs criardes - il se rebaptisera ensuite James White par opposition à James Brown, dont il reprend ici "King heroin".
Cela ne pouvait pas durer longtemps à ce rythme. Au milieu des années 80, Chance, lessivé, jette l'éponge et ne refera surface que dix ans plus tard. La présente réédition ajoute au disque initialement paru en 1990 trois titres démos dispensables datant de 1987, qui documentent sa période éloignée du business. Même emprisonné dans une rondelle en plastique qui ne sait pas suer, "Soul exorcism" dégage un pouvoir de contagion qui vous collera la danse de Saint-Guy et les nerfs en pelote.
|
|
|