| | | par Francois Branchon le 12/08/2000
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| Personne ne nie à James Carter qu'il soit un virtuose du saxophone, mais sa manie de tirer dans tous les coins laissait planer un doute sur ses capacités à devenir un grand bonhomme, avec la dose de discipline et de rigueur que ce statut impose. "Chasin' the gypsy" et "Layin' in the cut" sont des signaux de maturation, réduisant ces fameux doutes installés lors de ses premières sorties sous son nom. "Chasin' the gypsy", exploration de la planète Django Reinhardt, le force ainsi à canaliser son énergie, le forçant à trouver des expressions fines plutôt que de rentrer dans le lard avec tapage et frime. "Nuages" en sort porté par de belles phrases de saxophone baryton tout en demi-teintes, tandis qu'une ballade au ténor telle "Le manoir de mes rêves" glisse sans effort, "Avalon" lui et la violoniste Regina Carter mettent le feu à la baraque avec un duo questions-réponses électrique et chorus à l'unisson. "Chasin' the gypsy" est aussi excellemment arrangé et monté, avec des respirations, des espaces, dans lesquels la famille des invités de James Carter vient briller (et probablement aussi sauver l'album de l'ennui) : de l'accordéon zydeco (Charlie Giordano et son pastiche sur "Nuages"), des percussions (Cyro Bapista et le batteur Joey Baron), de la guitare acoustique classique (Romero Lubambo), qui donnent à l'album une trame colorée. Notons aussi la présence de Jay Berliner à la guitare, un revenant à la carte de visite rock et jazz, entendu dans les années 70 derrière Carly Simon et Judy Collins, Bernard Purdie et Eumir Deodato, mais surtout, guitariste du chef d'oeuvre "Astral weeks" de Van Morrison. Avec "Layin' in the cut", James Carter jongle entre funk froid et rythmes latinos. Son quintet (avec les guitaristes Marc Ribot et Jef Lee Johnson, le bassite Jamaaladeen Tacuma et le batteur G. Calvin Weston), dépasse l'impression première de n'être là que pour cachetonner et crée un ensemble sonore cohérent qui décolle assez bien. |
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