| | | par Francois Branchon le 22/04/2006
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| Que vaut James Brown en 1981 ? Humainement l'homme est miné (par la mort de son fils, son divorce, un scandale de corruption et un rappel d'impôts de plusieurs millions de dollars). Musicalement, à l'instar de la majorité des artistes soul et funk, il a été atteint de plein fouet par la vague disco. Les deux genoux à terre, son contrat discographique avec Island rompu, le Parrain survit, et seule une apparition en guest dans le film "The Blues Brothers" en 1980 lui permet de trouver un peu d'air et de placer le titre "Payback" dans les charts anglais. La tournée de 1981 centrée sur l'Afrique et le Japon, qui fait un crochet par Montreux, est avant tout alimentaire, voire de survie.
On est assez loin des furieuses prestations d'antan, du decorum, de la frime et des paillettes et le show est centré sur la seule musique, même si l'ouverture garde une mise en scène d'entrée dans l'arène. Et James Brown reste musicalement James Brown. Même en piteux état mental il est capable d'assurer une prestation au-dessus de la moyenne. Son groupe est évidemment nickel, des cuivres aux churs, du batteur ultra-précis au fidèle guitariste Jimmy Nolen, tous lui construisent un cocon sur-mesure au groove permanent et "sanguin" : en tenue "torero" rouge vif seyante, le cinquantenaire porte fier, la voix égale et les jeux de jambes toujours aussi hypnotiques.
Attaqué par la seule concession à l'actualité "Payback", le show est concentré sur les titres du passé, les machines à groover que sont "It's a man's man's man's world" (très longue version ponctuée par un break de silence de 30 secondes en hommage à John Lennon alors récemment assassiné), "I got the feelin", "Papa's got a brand new bag", "I got you (i feel good)", "It's too funky in here" et bien entendu "Sex machine".
Un peu plus tard, en 1984, son hymne patriotique sinon nationaliste "Living in America" pour le film "Rocky IV" de Stallone lui apportera le succès via un public nouveau de teenagers mais fera tourner les talons de ses vieux fans. C'est d'ailleurs sur ce morceau, et entouré de boxeuses aux couleurs du drapeau américain qu'il ouvre, bouffi, les sets de sa tournée de 1995 (séquence ici en bonus, suivie d'un "Sex machine").
Mais en 1981, son jet privé plaqué or vendu, James Brown prend les vols réguliers. Le spectacle y perd, mais reste la musique et le sang qui l'irrigue, un capital que les impôts ne le lui prendront jamais. |
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