Assume form

James Blake

par Jérôme Florio le 30/04/2019

Note: 7.5    

Petit génie de l'électro-pop, le Droopy blondinet clôt avec "Assume form" une décennie qui l'a vu connaître le succès public et la reconnaissance de ses pairs : c'était aussi celle de ses vingt ans. Son éclosion publique en tant qu'artiste a semble-t-il été plus rapide que celle de sa personnalité privée, ce que pouvaient laisser entrevoir des disques de plus en plus diffractés ("The colour in anything", 2016) dont l'électronique subtile s'accordait élégamment avec un épais vague-à-l'âme.

"Assume form" est celui de l'ouverture, avec un storytelling très apparent : Blake y parle frontalement de ses émotions, invite d'autres à poser leur voix (des jeunes pousses : le rappeur Travis Scott, les chanteuses Moses Sumney et Rosalia, le vétéran André 3000 – moitié de Outkast). Sur "I can't believe the way we float" et son tapis volant de voix, il semble approcher de la félicité : tout cela ressemble à une séance fructueuse de coaching de développement personnel.

James s'approche parfois des côtés les plus guimauve de Stevie Wonder ("Are you in love ?") mais sa patte faite de minimalisme, avec un chant très teinté de soul, garde un cap intimiste. Bien qu'ayant déménagé de Londres à Los Angeles, Blake a emporté avec lui sa préférence pour les lumières tamisées à celles d'un plein midi : "I'll come too" est une dérive nocturne, classieuse, et pas solitaire. Composée au piano, "Don't miss it" est comme une adresse à lui-même de ne pas laisser filer sa vie, comme on se ferait un tatouage pour ne pas oublier. Est-il passé si près du gouffre pour qu'il cherche autant à s'en éloigner ?




JAMES BLAKE-Mile high (feat. Travis Scott et Metro Boomin') (Clip 2019)