Olympia 64

Jacques Brel

par Francois Branchon le 11/05/2003

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Amsterdam
Le plat pays
Les vieux


En 1964, le monde vient de passer en couleur, la télé ne l'est pas encore mais les premières Peugeot 404 turquoise et Renault 4 orange parsèment les files uniformément noires et grises du paysage urbain. Brel en 64 "fait" l'Olympia et sur la pochette point de trace du strict complet noir des chanteurs adultes, il est en costard Prince de Galles, élégance, décontraction et... couleur. Mais, si la forme change (encore qu'elle ait son importance et sa signification), le fond lui aussi change de palette. Car le Brel de 64 est une révolution, un coup de pied au cul des conventions. Abandonnant un répertoire rive gauche classique qui lui serrait aux hanches (millésimé "Valse à mille temps"), il profite de l'Olympia pour présenter trois nouvelles chansons, trois coups de canons qui font exploser les formats, l'écriture et la mise en musique : la tendresse bouleversante des "Vieux", le sens prodigieux de l'observation et de la sensation du "Plat pays" et la peinture sociale parfois féroce de "Amsterdam". Dès ce jour précis, la chanson française "à texte" prenait des couleurs, Brel venait de l'inscrire dans son temps. Cette réédition du 25cm d'origine est accessoirement amusante pour les coupures de presse de l'époque reproduites dans le livret, celle d'un certain Jacques Chancel notamment , déversant une bile aigre sur les groupes de rock et "leurs guitares électriques, leurs désespérantes sonos et leur fureur imbécile d'excités en crise"...