| | | par Mwanji Ezana le 23/02/2002
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| Ce qui frappe en abordant cette musique, c'est son extrême sophistication. Ceci sur plusieurs niveaux : arrangements, écoute mutuelle, liberté. Ce qui permet de créer une musique où cohabitent joyeusement les éléments les plus disparates : fanfares campagnardes et musique classique, arrangements et désir de subversion, la cacophonie et le silence (et tous les degrés entre), la mélodie et la dissonance, sans oublier un humour et une joie de vivre presque omniprésents. De plus, ces éléments ne sont pas seulement l'un à la suite de l'autre, mais aussi superposés et intégrés. Dans "Close encounter with Charles's Country Band", par exemple, ce qui semble être des interventions 'parasites' à la mélodie se révèle être des parties arrangées qui contribuent au thème. Les morceaux improvisés bénéficient non seulement de l'écoute mutuelle, mais surtout de la capacité de retenue, de respect mutuel et d'à-propos de chaque musicien, indispensables dans ce genre d'exercice si l'on veut éviter le non-sens. "Mengelberg" est à ce titre exemplaire : discret mais présent, varié mais reconnaissable. Ces morceaux se structurent donc de manière organique : tension-détente, expression soliste ou plurielle, relances, transitions entre l'arrangé et le spontané semblent jaillir naturellement, fruits des qualités sus-citées. La musique elle-même s'exprime, plutôt qu'un quelconque ego de musicien. Je termine en regardant d'un peu plus près l'humour de cet album, car c'est un élément qu'on s'imagine souvent (à tort) absent des musiques avant-gardistes. D'abord les titres : "Write down exactly" et "Precise dimensions and weight" pour décrire... des improvisations collectives, tandis que ceux de la "Suite animalière" de Honsinger ne craignent pas le ridicule. Pour la musique, il y a le kitsch de "Sparkling", les chants de "Oh my dog !" ou encore ces éclats sans forme qui viennent de temps à autre troubler de paisibles passages de cordes. |
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