Helmet qui, en compagnie de Nirvana et autres Smashing Pumpkins, squattait les ondes des college radios US dans les années 90 revient tenter de faire pogoter le campus avec son metal dit alternatif. Plus pop musclée que réellement metal, la musique d'Helmet version 2010 ne parvient hélas jamais à retrouver la hargne et l'urgence de "Meantime" (1992) ou "Betty" (1994). Si les deux premiers morceaux font encore un peu illusion, l'album se met rapidement à ronronner mollement pour devenir aussi ennuyeux qu'un cours magistral suivi du fond de l'amphi. Page Hamilton, seul rescapé de la grande époque du groupe, a beau essayer de ranimer la flamme en soufflant sur les braises, ce "Seeing eye dog" s'avère n'être qu'un feu de paille. Tout y parait factice, du chant faussement hargneux aux guitares vainement agressives et étouffées par une production manquant d'oxygène.
Hamilton peine à définir la ligne directrice de son album et semble chercher à retrouver la formule magique par tâtonnements. Jusqu'à s'essayer à la reprise aussi casse-gueule qu'inutile du "And your bird can sing" des Beatles, qu'on jurerait sortie d'un mauvais disque d'Oasis. La messe est dite, Helmet a perdu la main, dépassé par une concurrence plus créatrice et innovante – Deftones en tête – qui fait beaucoup mieux depuis quinze ans.
