| | | par Sophie Chambon le 31/03/2003
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| Une pochette qui parodie la poupée Britney Spears à la démoralisante réussite commerciale, un titre "Youth oriented" qui pourrait sembler aussi racoleur que les albums de la donzelle. Mais à entendre le trio de Minneapolis dans ce cinquième opus, pas de danger que la petite chérie des teenagers ne saventure dans les mêmes aires de jeu avant-gardistes et indépendantes : une musique violemment engagée dans un maelström d'influences jungle, rock, jazz. Le groupe Happy Apple, formé en 1996, baptisé d'après le nom d'un jouet Fisher Price des années 60 est constitué (seulement depuis janvier 1998) d'Erik Fratzke à la basse, qui a rejoint Dave King à la batterie et Michael Lewis aux divers saxophones. Le livret de Boucq et Annestay dévoile une bande dessinée aux tons acidulés dont chacune des neuf planches porte le titre d'une composition de l'album. "Youth oriented" se voudrait-il une fable moderne ? L'album ne raconte peut être pas de véritable histoire, proprement articulée, mais n'y a-t-il pas une "conceptual continuity" dans le son très singulier du trio, à la fois énergique, et sourdement pénétrant ? La tension exacerbée dans "Drama section" ne retombe jamais, sous l'influence de la rythmique, lancinante, souvent binaire, sur laquelle se calent les ondulations plus ou moins stridentes des saxophones. On se laisse prendre à cette ambiance hybride, entre rock progressif et jazz. On est en terrain connu et
on aime cette musique mélodique et fervente, en recherche, aux changements de rythme fréquents. Après avoir grandi dans les Twin cities de St Paul et Minneapolis, laboratoires d'un certain underground, (décidément "Minneapolis we insist", après Michel Portal et sa rythmique princière), le trio, auréolé d'un succès grandissant en Amérique, traverse l'Atlantique : souhaitons lui un vent favorable pour aborder l'Europe. |
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