C'est Jean Cocteau qui un jour remarque Gribouille dans la rue, à l’aube des années 60, la fille qui ressemblait à un garçon chantait à tue-tête en dessinant à la craie sur le trottoir. Intrigué et impressionné, il la présente au Bœuf sur le Toit, son célèbre repère où il a ses habitudes depuis l'entre deux-guerres. Le Boeuf ce n'est pas rien, Trénet, Catherine Sauvage y ont débuté.
Très vite Gribouille collabore avec des compositeurs de renom, Charles Dumont, Gérard Bourgeois, Henri Gougaud... Son apparence androgyne et sa voix très grave, ses chansons personnelles parfois un peu ambigües vont lui faire gagner un public de plus en plus nombreux. Mais c'était sans compter sur un mal de vivre tenace qui prendra le dessus. L'écrivaine Françoise Mallet-Joris disait d'elle qu'elle "était le désespoir sur sa forme la plus séduisante. Le désespoir qui chante avec de brusques coups de gueule et d'inattendus mouvements de tendresse qui l'étonnaient elle-même". Le noir était sa couleur. Elle enregistre une poignée de Ep avant de se suicider le 18 janvier 1968 d’un cocktail de barbituriques et d’alcool. Elle avait 27 ans, la première d’une longue lignée...
Ce coffret EPM réunit ses trente-cinq enregistrements connus, accompagné d'un binôme Cd/Dvd issu d’un spectacle dédié, écrit et jouée par son amie Marie-Thérèse Orain, où l'on retrouve avec grand plaisir le chanteur Bonzom. Les amoureux de Brel, de Marie-José Neuville y trouveront des échos. Juste derrière une atmosphère très cadrée "rive gauche", on entend aussi les prémices d'une Colette Magny. On aurait tant aimé entendre Gribouille chanter le blues.