Morceaux qui Tuent Ode to Big Blue Gordon Lightfoot Sundown Seven island suite Don Quixote
Le cow-boy canadien au look à la Eastwood démarre sa carrière discographique en 1966, dans un registre proche du country-folk, aux côtés de Phil Ochs, Tom Paxton et Ian & Sylvia (le premier groupe à enregistrer un de ses titres).
Déterminantes furent deux rencontres. Avec Albert Grossman d'abord : le manager de Bob Dylan, The Band et Janis Joplin, le sort de l'étiquette "country" et le propulse sur des scènes plus rock, où il se retrouve avec sa "famille" d'esprit, les Joni Mitchell et autre James Taylor. Avec Lenny Waronker ensuite : le producteur coté d'alors (Harpers Bizarre, Ry Cooder, Randy Newman...) et aujourd'hui patron de Dreamworks (carrières de Rufus Wainwright et Elliott Smith en mains), le fait signer chez Reprise en 1970 et lui trouve son "son" qui lui va comme un gant. L'album "Sit down young stranger" rebaptisé "If you could read my mind" marque ce nouveau départ. Gordon Lightfoot y développe un répertoire-éventail de ballades au service de sa voix unique, au timbre voilé, voix grave, chaude, sensible, très expressive, "habitant" l'espace. Risque : agréable et complice sur la durée d'un album, elle peut devenir un rien saoulante passée l'heure de jeu.
Cette période de Lightfoot sera sans conteste la meilleure. Des productions toutes en finesse et élégance, avec des musiciens de classe (Red Shea, Richard Haynes, Jim Gordon...). Elle dure jusqu'en 1976. On y croise d'authentiques chefs-d'oeuvre, au long de six albums : "Minstrel of the dawn" (album "If you could read my mind" 1970), "Miguel", "Nous vivons ensemble" et "Redwood hill" ("Summer side of life" 1971, chef d'œuvre de bout en bout), "Don Quixote", "Ode to Big Blue" magnifique chanson sur les baleines, "Alberta bound" et "The patriot's dream" ce qu'on a écrit de mieux sur la guerre ("Don Quixote" 1972), "Circle of steel", "Sundown" et "Seven island suite" ("Sundown" 1974), "Cold on the shoulder" ("Cold on the shoulder" 1975) ou "Race among the ruins" ("Summertime dream" 1976). Ensuite, Gordon Lightfoot montrera un goût discutable pour l'enrobage, les arrangements un rien chargés en violons, les costards blancs trois pièces et fine moustache, et plus grave, un tarissement évident d'inspiration.
Ce coffret résume en quatre Cd les trente années de sa carrière. Comme toute production signée Rhino, il est difficile de lui trouver des défauts : son, livret et présentation, tout est parfait et rend l'objet incontournable pour les amateurs de Lightfoot. On regrettera cependant l'absence impardonnable de quelques uns des morceaux cités plus haut ("Miguel", "Redwood hill", "The patriot's dream", "Circle of steel" ou "Race among the ruins"). Une absence (à peine) compensée par une douzaine d'inédits.