| | | par Sophie Chambon le 16/02/2005
| | |
| Pentessence, voilà un mot heureux pour exprimer la quintessence de cette musique qui s'envole en quintet ! Le nouveau groupe du tromboniste Glenn Ferris, plus traditionnel dans l'instrumentation que les précédents Chrominance Trio (trombone, contrebasse, batterie) et Glenn Ferris Trio (trombone, violoncelle, contrebasse) allie à une rythmique intrépide (Bruno Rousselet à la contrebasse et Jeff Boudreaux à la batterie) un pianiste lyrique et un saxophoniste ténor sentimental (Philippe Milanta et Jean-Michel Cabrol). On entend du jazz dès l'ouverture endiablée "Boy boy" et cela fait du bien, de temps à autre, de ne plus avoir à s'interroger sur la mélodie, d'écouter une musique libre, chantante, entraînante à souhait. Quand Glenn Ferris épaulé, relayé par un ténor délicat, se saisit de son embouchure pour chanter de l'intérieur ce blues, "St James infirmary", traditionnel magnifié par Jack Teagarden, on est au coeur de cette musique qui (se) joue de l'instant. Il restera donc un album intensément joyeux, où émotion et sensualité effleurent, affleurent ("Skin me") sur un répertoire entre blues et ballades. A côté de compositions originales, cet Américain fou de Paris, reprend avec intelligence, des thèmes de Serge Gainsbourg ("Black trombone", une lumineuse évidence) et l'éternel "Femmes, je vous aime" de Julien Clerc, hommage réussi aux dames et à Marian Ferris qui a peint la couverture de la pochette. Amoureusement retenu, sombre et velouté, le trombone est la voix qui atteint le coeur qui s'abandonne. Zébrant le silence, il est aussi capable de filer un son si doux que la raison chavire. Souffle envolé du pavillon, fil de soie du phrasé, trombone attaché à la chair comme à l'os, le jazz "bien en bouche" en somme. |
|
|