| | | par Francois Branchon le 11/05/2003
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| Gilbert Bécaud était un habitué de l'Olympia, un des chouchous de l'époque où Bruno Coquatrix le dirigeait, un Coquatrix homme à tout faire artistique, qui avait redonné à la salle son statut de music-hall, en assurait la direction, la programmation, et donnait leurs chances en lever de rideau à des inconnus, ouvrant aussi ses portes aux groupes anglais et américains de passage (seule grande salle de Paris à le faire) à l'occasion des célèbres Musicorama retransmis par Europe 1. Bécaud fut un des tout premiers à remonter sur la scène de l'Olympia en 1959, mais aucune image n'existe hélas de ces passages. Les deux premiers Dvd de ce coffret sont consacrés aux concerts jumeaux de 1988, le spectacle "bleu" et le spectacle "rouge", joués en alternance. A cette époque Bécaud est un chanteur installé, sûr de son art et de son aura, il est une icône, une institution, donnant à son large et centriste public ce qu'il est venu chercher. On passera donc sur ces deux disques, ampoulés et luxueux, joués presque blasé, dans une ambiance et un décor tout droit sortis du clinquant carton pâte des émissions de Drucker, où les jolis clins d'il des concerts passés deviennent des tics. Et, magie du numérique, c'est vérifiable ! Car le troisième disque présente trois raretés jamais montrées, des concerts de 1963, 1969 et 1970, dont le plus fou est le premier. Dans un Olympia pas encore rénové (petite scène, public au ras des planches, éclairages sommaires) et (mal) filmé en noir et blanc, Bécaud, fou furieux en bras de chemise qui a encore tout à démontrer, joue la boule de nerfs, la pile thermonucléaire, passant du micro au piano, du piano au micro, chante à en perdre le souffle, sue, éperdument. A cette époque l'homme gagna son surnom de "Monsieur 100,000 volts", pas vraiment usurpé au vu des images. Jusqu'en 1970, Bécaud restera svelte et nerveux, transpirant comme un rocker, chantant comme un crooner, et, faisant référence aux clins d'il cités plus haut, il est par exemple jouissif de le voir en 1970 mettre en scène et "jouer" avec le violoniste québécois Mr Pointu sa chanson "La vente aux enchères" ou de simplement écouter en 69 l'histoire de sa "Nathalie". Un coffret conseillé pour les images d'archives, pleines de piment et d'excitation. Pour le reste... |
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