| | | par Sophie Chambon le 03/05/2002
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| Gerry Mulligan est heureux, en cette fin 1960, de réunir son Concert
Jazz Band au Village Vanguard et choisit, pour assurer une continuité
intéressante à l'album, construit à partir de ses propres arrangements
ou de ceux du tromboniste vedette Bob Brookmeyer, de ne retenir que les
prises live d'un dimanche après midi. La phalange de treize musiciens
démarre avec un "Blueport" endiablé de plus de dix minutes. Cette
composition d'Art Farmer, écrite pour le quartette antérieur du baryton
s'enrichit de l'apport finement dosé des autres instrumentistes de
l'orchestre, notamment Clark Terry qui joute élégamment avec le leader.
Puis c'est le tour d'un "Body & soul", arrangement de Brookmeyer,
assez éloigné de la version originale, moins poignant mais qui donne
lieu à des interventions délicatement étirées de Mulligan et
Brookmeyer. Puis survient un changement d'atmosphère avec le thème
énergique de "Nightgown", musique du film "I want to live" dans lequel
Gerry Mulligan devait faire quelques apparitions. Et une suave ballade
comme on les aime, "Come rain or shine", aux lignes mélodiques d'une
grande souplesse, où Mulligan a un phrasé continu, disert qui coule
librement. Pour le final, "Let my people be", un show à la Count Basie
avec un Clark Terry éclatant, la section des anches assurant un
arrière-plan très musclé, tandis que Mulligan au piano cette fois et
Brookmeyer nous régalent encore de quelques solos bien troussés. On l'a
déjà dit, on veut bien le répéter, faire du jazz signifiait quelque
chose à cette époque, jouer avec goût et grâce dans le cas de Gerry
Mulligan : une musique qui ne se veut pas indispensable, surtout pas
essentielle mais qui ne parvient pas à ennuyer un seul instant.
Inusable donc.
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