"White light" est un album de Gene Clark de 1972, sa couverture noire austère évoque une silhouette illuminée par le soleil, et bien que le titre ne figure pas sur la pochette, son graphisme l'illustre à merveille.
Au fil de ses neuf titres, "White light" s'imposait cette année-là comme l’un des plus grands albums d’auteurs-compositeurs-interprètes jamais réalisés, du niveau de ses contemporains "Astral weeks" (Van Morrison) ou "Happy sad" (Tim Buckley)...
Après avoir quitté les Byrds en 1966, enregistré avec les Gosdin Brothers et crée puis dissous le duo Dillard & Clark - groupe pionnier du country-rock -, Clark sort un premier Lp "Roadmaster" (1971), encore très byrdsien avec les contributions des amis de qualité (Clarence White des Byrds à la guitare, Sneaky Pete Kleinow à la pedal-steel, Chris Etheridge des Flying Burrito Brothers et plus tard de Manassas à la basse). Ils emballent une belle collection de morceaux avec précision ("Here tonight", "Full circle now", "I remember the railroad", "In a misty morning", "Shooting star"...) mais qui sonnent un peu convenus et prévisibles, comme si l'album était contractuel plus que créatif.
L'année suivante, pour "White light" son second album, Clark prend le temps de peaufiner son écriture jusqu'à l'essentiel. L'accent mis sur les morceaux est intense, plus acoustiques, ils sont tendus et reflètent une obsession grandissante pour la musique country. Produit par le regretté guitariste Jesse Ed Davis (qui assurait alors les parties de guitares sur les albums de Steve Miller sans être crédité), Clark a assemblé un groupe précis et fluide, où l'on retrouve certes Chris Ethridge (basse) mais surtout l'immense pianiste Ben Sidran (alors lui aussi avec le Steve Miller Band et futur grand jazzman), Gary Mallaber (batteur précis et fin de Van Morrison) et l'organiste Michael Utley.
L'écriture de Clark est d'une simplicité austère mais prenante ("The virgin", "For a spanish guitar", "One in a hundred"), elle laisse parfois deviner qui était le véritable architecte du son des Byrds ("White light"), offre une magistrale reprise de Dylan ("Tears of rage") et délivre une des plus belles chansons jamais écrites, dont l'écoute en boucle ne suffit même pas à calmer les frissons ("With tomorrow"). Un peu plus tard, avec "No other" (1974), Gene Clark frôlera les mêmes sommets.
Une réédition qui mérite le maximum pour la seule présence de "White light".