Le vibraphoniste Gary Burton ne joue
pas vraiment de l'instrument qui permet de s'extérioriser sur une
scène. Il faudra trouver autre chose pour attirer l'attention... Sur
le circuit jazz depuis le tout début des années soixante, Burton
est fasciné par les Beatles, puis par l'explosion pop de la fin des
sixties. Suivant l'exemple de Stan Getz qui s'était fait remarquer
en mariant - avec succès - jazz et bossa nova, Burton choisit lui
aussi une transversale, en l'occurrence mettre du rock dans son jazz,
créant un nouveau genre, le jazz rock.
Revêtant pour
l'occasion de magnifiques gilets hippie. proposant des pochettes aux
typos psychédéliques, l'opération lui ouvre Indéniablement les
pages des magazines rock (rare jazzman avec Larry Coryell très
présent dans les premiers Rock & Folk en France), le support le
plus sûr en 1968 pour se faire connaitre d'un immense public en
devenir.
Cette année-là, il constitue son quartet avec, à
part le batteur Roy Haynes, de quasi inconnus : Steve Swallow à la
basse et Larry Coryell à la guitare. Sans révolutionner la planète
comme Miles Davis le fera deux ans plus tard avec "Bitches
brew", le travail de Burton restant classique, mais la guitare
électrique fait œuvre ici de pionnière, avec une longueur d'avance
sur John McLaughlin, qui prendra le filon et le poussera à
l'extrême, quitte à perdre ses auditeurs en route.