L'indéniable
qualité des autodidactes - Fred Pallem a commencé la musique à
quatorze ans - est de fatalement s'inspirer au premier chef des
musiques qui ont bercé leur jeunesse, puis de manière permanente
des influences qu'ils rencontrent. Pallem se tourne lui assez vite
vers le jazz version Duke Ellington et Herbie Hancock. Après le
conservatoire section jazz et l'écriture de musiques pour pièces de
théâtre, il fonde le groupe "Le sacre du tympan", aux
premières compositions résolument jazz
classique, orchestral et de big-band qui détonnerait presque à
l'heure actuelle face aux formations contemporaines de free-jazz plus
expérimentales que musicales. Enfin, une Victoire de la Musique
(2006) lui permit de fricoter avec la variété (Sansevérino, M,
Sebastien Tellier), une ascension si rapide vers le mainstream
qu'elle aurait pu faire craindre le pire.
Mais
Fred Pallem est un petit malin car sous des dehors de déjà-vu
"L'Odyssée" est tout sauf un attrape-nigaud. Et
même si au départ on se demande si cet album est bien utile (sons
déjà entendus, construction classique légèrement grandiloquente
et surtout catalogue à hommages), il estremarquablement
produit et arrangé (la touche d'un Mark Ronson). Mais surtout,
les références, non déguisées, sont parfaitement exploitées par
les musiciens. Au-dessus de toutes, plane tout du long celle de John
Barry, si bien que cette "Odyssée"
aurait bien pu être la BO d'un James Bond. Citons aussi ce solo de
guitare totalement floydien ("Astringent mouse trap"),
le gainsbourien "Death and life of a suburban guy" et
également les élans de Vladimir Cosma ("Death and life of a
suburban guy") et sur le morceau-titre, "l'Odyssée",
qui vire "Grand blond qui aurait rencontré B.B" après une
intro digne des Who post "Tommy".
Fred
Pallem réussit haut la main à rendre captivant, quasi addictif, un
fourre-tout musical qui, sans sa maîtrise et son talent, aurait
relevé du pudding indigeste.
FRED PALLEM et LE SACRE DU TYMPAN Death and life of a suburban guy (Audio seul 2018)