Black letter days / Devil´s workshop

Frank Black & Catholics

par Filipe Francisco Carreira le 01/11/2002

Note: 5.0    

Même avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de goûter la production actuelle de Frank Black sans avoir à l'esprit le glorieux passé de l'Américain. Il n'y a, à deux ou trois exceptions près, rien de honteux ou de particulièrement déshonorant dans ces vingt-neuf (!) compositions enregistrées entre octobre 2001 et avril 2002 et réparties sur deux albums. Seulement, "Black letter days" et "Devil's workshop" ne sont pas à la hauteur de l'attente un jour suscitée par l'homme qui, après avoir sabordé les Pixies en pleine gloire, enchaînait deux albums regorgeant de trouvailles. La légèreté pop de "Headache" ou "Places named after numbers" trouvait sa place aux côtés de "Los Angeles", le délirant "Brackish boy" côtoyait le rugueux "Ten percenter" et le caractériel "Freedom rock" se posait en manifeste : "Let me tell you about one thing that's clear / That nobody owns / The pleasure of tones / That belongs to a guy with no ear" (Laisse-moi te dire une chose / Personne ne possède le plaisir des sons / Cela appartient à un mec sans oreille). Ainsi "Frank Black" et "Teenager of the year", parus à un an d'intervalle, laissaient présager une carrière solo passionnante pour celui qui, avec sa formation précédente, avait déjà réinventé le rock. Une telle chose n'est malheureusement pas prête d'arriver ici : les chansons se suivent comme à la chaîne, convenues et sans relief, et si elles ne déplaisent pas franchement, elles cessent de retenir l'attention aussi vite. "1826" échappe à l'oubli, certes, mais pour les mauvaises raisons : ce titre long et répétitif n'en finit plus d'exhiber des solos gavés de soleil et d'ennui, derniers vestiges d'une musique que les Pixies ont largement contribué à rendre caduque. Quelle tristesse ! Après cela, Frank Black reprend son train-train et les Catholiques déroulent un répertoire moins antipathique mais pas tellement plus reluisant, exception faite du séduisant "Out of state" sur "Devil's workshop". Si le caractère abondant de sa production tend à prouver la subsistance d'une certaine créativité, il n'y a qu'à espérer que Frank Black se décide à privilégier la qualité sur la quantité et peut-être écrira-t-il à nouveau de grandes chansons.