| | | par Jérôme Florio le 11/11/2003
| Morceaux qui Tuent Valley winter song Hung up on you Hackensack
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| Le panneau indicateur sur la pochette du précédent disque des Fountains of Wayne, sorti en 1999, montrait la direction "Utopia Parkway" : le paradis power-pop, les new-yorkais s'en rapprochent un peu plus avec "Welcome interstate managers".
Un long break de presque quatre ans : les personnages des chansons d'Adam Schlesinger et Chris Collingwood ont eu bien malgré eux le temps de grandir, et semblent très loin de l'"utopia" à laquelle ils aspirent dans leur for intérieur. On trouve encore le temps d'écrire une ode à une serveuse de diner ("Halley's waitress"), de draguer la mère de sa petite amie ("Stacy's mom"), ou de rêver à la solitude détachée d'un quaterback dans le feu de l'action ("All kinds of time"). Mais le monde autour d'eux a changé, sans demander leur avis : les moyens de communication modernes, le rétrécissement de la planète à l'échelle d'un village ("Bought for a song"), ne les empêche pas d'être sentimentalement totalement sur la touche. Fini la vie de campus, la glande à la high-school, l'entrée dans l'âge adulte est plutôt brutale (la tonique "Bright future in sales", "Hey Julie"). Ils prennent toujours le bus, mais maintenant c'est pour aller bosser ; et l'alcool, autre motif récurrent, c'est pour noyer les chagrins d'amour. De plus en plus en décalage, ils regardent s'enfuir irrémédiablement leur enfance ("Fire Island"), engloutie dans le monde de la performance, de la compétitivité, du fric. Collingwood et Schlesinger enregistrent tous ces changements avec beaucoup d'acuité dans les textes, et leur donnent vie grâce à quelques détails cinglants, immédiatement mémorisables - des dates, des lieux précis, qui laissent poindre un zeste de nostalgie.
Les Fountains of Wayne savent parfaitement remplir le contrat power-pop, avec des titres de très bonne facture ("Mexican wine", "No better place"). Mais là où ils planent vraiment au-dessus de la mêlée, c'est quand ils laissent parler leurs influences country ("Hung up on you", très Gram Parsons), ou folk moelleux à la Simon & Garfunkel ("Valley winter song"). Sur un autre versant, ils peuvent aussi se permettre de ridiculiser Oasis - Oasis Who ? Oasis Quo ? - sur son terrain ("Little red light") ; chercheurs d'or, ils prouvent avec "Hackensack" qu'il restait encore une superbe balade pop avec trois accords et des churs lumineux à écrire. Touchdown.
On n'est donc pas du tout dans la power-pop blanc-bec et amnésique : on sent derrière les compositions de Schlesinger et Collingwood une vraie passion pour les musiques populaires américaines, mêlée à une tradition mélodique anglaise - les Beatles, encore et toujours. "Welcome interstate managers" aurait peut-être gagné à être un peu plus concis, allégé d'un ou deux titres sur la fin ("Peace and love", Supercollider"). Mais dans le genre, on aura du mal à trouver mieux cette année. |
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