L'album live ! Entre 1968 et
1970 il poussait souvent le plaisir à être double live,
étape obligée et attendue de tout groupe rock qui se respectait.
Surgissant après deux ou trois albums studio, il restituait enfin
aux oreilles éloignées les concerts qu'elles ne pourraient jamais
entendre, palliant l'absence totale ces années-là de retransmission
dans les médias, radios ou télévision (à moins d'être couche
très tard (Bouton Rouge à minuit une fois par mois sur l'ORTF,
quelques concerts dans "Campus" de Michel Lancelot sur
Europe N°1). Alors "Wheels of fire" (Cream), "Live
Dead" (Grateful Dead), "Bless
it's pointed little head" (Jefferson Airplane), "Ummagumma"
(Pink Floyd), "Get yer ya-ya's out" (Stones), "Live"
(Steppenwolf), "Absolutely live" (Doors) pour ne citer que
les gros furent achetés, adulés, chéris, usés jusqu'au fond du
sillon et bandes-son d'innombrables air guitaret air drums
devant les glaces des armoires.
Parmi les grands d'alors, Fleetwood
Mac, pourtant célèbre et tête d'affiche de concerts et festivals
dès 68 ne sacrifia pas au rite du live. Peut-être qu'en adepte
austère et fidèle du Chicago Blues, Peter
Green ne s'autorisait pas la flamboyance d'un Clapton ou d'un
Richards... Alors, pour avoir une idée d'un
concert du Mac, il avait fallu attendre quelques années plus tard,
et l'explosion des labels pirates TAKRL ou TMOQ pour dénicher
"Shrine
69", "Merely a portmanteau"(Civic Auditorium Santa
Monica 1968 avec pour la première fois "The Green Manalishi")
ou un peu plus tard l'excellent "Cerulean" (Boston Tea
Party Club 1969 avec une longue version du "Manalishi" et
un "Rattlesnake shake" de près de 25 minutes !).
C'est aujourd'hui la première fois que
le label officiel d'époque, profitant de bandes inédites
découvertes par hasard et dont on ne connait pas véritablement
l'origine - on pense à des émissions radio - édite deux sessions
live, correspondant aux tournées américaines de 1968 et 1970 ! On
est là à la charnière du premier Fleetwood Mac, quand la formation
Chicago blues de départ (68), se sépare de Jeremy Spencer et
intègre pour le remplacer le roadie ébloui Danny Kirwan et fournit
la matière des sessions de 70. Cette édition à cinquante ans de distance
est lumineuse, une plongée en blues et en pop-blues naissant.
Fleetwood Mac adorait la scène, y interprétait ses morceaux avec
une grande latitude, dérivant génétiquement vers l'improvisation.
Entre les deux sessions de ce coffret, est paru l'album studio "Then
play on", chef d'œuvre qui concrétisait le duo improvisé mais
génial de Green et Kirwan, et le Mac ne se prive pas d'y puiser ici,
rodant les morceaux, un work in progress endiablé et plein de ressources.
FLEETWOOD MAC The green Manalishi (Live Us tour 1970)