Les Australiens Tim McPhee et Rod Smith ont d'abord envisagé Firekites en 2005 comme un duo de guitares acoustiques ; peu à peu, avec l'intervention d'amis musiciens, leur son s'est naturellement étoffé. Ce travail à deux guitares et deux voix n'en reste pas moins la colonne vertébrale de "The Bowery", leur délicat et attachant premier disque.
McPhee et Smith chantent aussi, on pense à Simon & Garfunkel dès "Last Ships" – ou plus récemment aux Kings of Convenience. Leurs guitares alternent rythmique et jeu en picking, sur des accords ouverts dont le croisement crée des harmonies qui remplissent l'espace sonore : on aime cette sensation hypnotique, atmosphérique, ce balancement rythmé qui saisit à l'écoute de "Last ships", "Autumn story" ou "By night". La batterie, très musicale, redouble parfois un lointain parfum de bossa-nova ("Last ships", "Same suburb, different park", "Mirror miracle"). La ligne est claire et chez les Firekites, l'ego vole bas : certains titres restent simplement instrumentaux ("Paris", "Skimming rooftops") ; sur "By night" les cordes (violons) se créent leur espace en plein milieu de la chanson, quitte à déloger Tim et Rod. Une amie chanteuse, Jane Tyrrell, est aux choeurs sur "Last ships", et sa voix nous rappelle avec un petit pincement les trémolos de Caroline Crawley (Shelleyan Orphan). Elle sera plus loin seule au chant sur les deux titres les plus atypiques du disque, l'électronique "Worn weary" et l'électrique "Another state", cette dernière sonnant davantage comme un effort de groupe à la douceur un peu plus charbonneuse.
On retrouve des sensations très proches du Air de "Virgin suicides" sur l'instrumental "New year has spoken", dont la chaude et lumineuse mélancolie s'étend à l'ensemble de "The Bowery".