"Braveface" : Ben Esser est en effet un "lad" bien sympathique, avec sa musique vitaminée à la pop prolo festive - du ska des Specials au "baggy-sound" des Happy Mondays. Impossible de se tromper sur la provenance de la marchandise, Esser est marqué au fer rouge par un accent anglais à couper au couteau. C'est un trait commun, pour le meilleur et pour le pire, de la pop anglaise (des Streets à Lily Allen) - la pop, dernier bastion d'une Albion qui voudrait ignorer le rouleau-compresseur mondialiste ? Ce premier disque présente un melting-pot d'influences que l'on sent assez personnel, en tout cas davantage que l'habillage de façade d'une Lily Allen. "Leaving town" attaque avec des cuivres qui pulsent, et un drôle de pont (genre "Whole lotta love"). Ben impose tout de suite un ton sarcastique et vif : c'est un parolier dans la veine d'un Morrissey, avec lequel il partage au moins deux points commun : un nom de famille comme nom de scène, et une coupe de cheveux entre la banane fifties et la crête punk. Le rythme, constamment dansant, est autant chez lui au pub que dans des endroits plus interlopes - voir ci-dessous le déhanché légèrement "camp" de "Headlock". Esser sait en outre manier le décalage sur un charmant "Satisfied" dont le piano fait des oeillades à la mélodie de... "Bambino" (Dalida). "Real life", avec sa batterie réverbérée, n'est pas si loin du récent "Last of the English roses" de Pete(r) Doherty. Le disque se conclut sur "Stop dancing" ; de l'aveu de son auteur, "Braveface" est une mise au point de chansons assez anciennes qu'il fallait fixer avant de passer à autre chose. On n'est pas sûr d'en avoir autant envie que lui !