La tête dans la chèvre

Enhuma

par Emmanuel Durocher le 26/01/2007

Note: 7.0    

Voici un album que je n'aurais jamais été chercher tout seul, n'étant pas trop habitué aux rayons métal et autres bacs hardcore mais ce disque vient apporter la preuve qu'il ne faut pas hésiter à sortir de ses chapelles et faire péter les œillères.

Le groupe possède un nom étrange qui mélange "exhumer" et "inhumer", une fusion antagoniste qui voudrait peut-être dire qu' Enhuma a enfoui certains démons pour en déterrer d'autres (qui semblent cependant être encore plus enragés) ; la musique de ces quatre garçons (dans le vent) brestois : David Bougaran (chant/clavier), Pascal Simon (guitare), Eric Beuzart (basse) et Olivier Nédélec (batterie) apparaît comme le distillat d'un sulfureux mélange de métal, funk, post-rock et rock progressif (dans le sens noble du terme) : c'est un peu un jeu de chaises musicales dans lequel chaque style peine à s'imposer car il est rapidement remplacé par un autre, il est parfois difficile de s'y retrouver entre les moments assagis, passages furieux avec riffs incisifs et intermèdes planants soigneusement confectionnés accompagnés de saxophone ou flûte, on passe du coq à l'âne habilement même si cela provoque parfois une certaine arythmie dans les morceaux mais en prenant un peu plus de temps, on peut assister à un excellent crescendo sur "Piste 08" dans lequel un post-rock aérien se transforme petit à petit en une tempête métallique.

Les morceaux font dans le registre de l'étrange : "Stridulation gourmande à coeur ouvert", "Vésanie", le huitième titre se nomme "Piste 08" et les troisième et quatrième pistes "Paul" et "Allen" (référence au cofondateur de microsoft ?) et le tout se termine par "Luap Nella" qui utilise le gadget sataniste de la chanson à l'envers (tout comme le titre) ; difficile de s'y retrouver dans les textes où l'on n'y comprend pas grand chose non plus.

On pense un peu à Pink Floyd, parfois à Zappa et Gong en y rajoutant du gros son et une bonne dose de testostérone mais surtout à Magma et ses compositions expérimentales en écoutant "The last cartoon" ou le très réussi "White cowboy without shoes" dans lequel les sonorités aux accents kobaïens se transforment en une sorte de space métal. Il est même dommage que le groupe ne reste pas tout le temps dans ce domaine car certains morceaux comme "Stridulation gourmande à coeur ouvert" et "Figurine burlesque" apparaissent un peu trop calibrés à côtés des autres ; cependant, même si "La tête dans la chèvre" ne convainc pas toujours, il reste un objet étrange, décalé et déphasant.