| | | par Xavier Georges le 26/08/2003
| Morceaux qui Tuent Il pleut Graine d'étoiles Chanson de toile
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| A la maison, la petite Emilie a grandi avec un père Simon ingénieur du son qui travaillait pour des jazzmen. Elle passait ses soirées entre la cave transformée en studio et les clubs de jazz. Forcément, ça laisse des traces. A 24 ans, Emilie est grande et la voilà qui finalement écrit, compose, construit, façonne, mixe ses chansons, et tout ça à la maison, comme papa. De ses jeunes années elle a pour sûr gardé la voix, cette toute petite voix qui égrène les 12 chansons de son premier album. De prime abord cette fragilité, cet air si doux étonnent, mais c'est pour mieux surprendre par leur richesse, voire par une certaine acidité sur quelques chansons. Qu'Emilie déclare à son amour "Je te quitte, voilà c'est tout" ou qu'elle décrive la dernière nuit de la vieille dame, c'est toujours sur des mélodies qui refusent la morosité. Parlons-en de ces mélodies, qui demandent plein d'écoutes pour en apprécier la richesse et décoller de ce disque létiquette chanson française un peu trop vite apposée, pour le ranger aux cotés de ceux d'une Björk (en moins hystérique) ou d'un Avril, autre artiste électro de talent (d'ailleurs ici remercié par Emilie).
Car l'électronique n'est pas tapageuse mais délicatement distillée. Oh ce remarquable "Il pleut", où elle déforme sa voix exactement aux bons moments de l'averse, produisant ainsi une étonnante perspective musicale, comme une perception à travers des carreaux, pendant la pluie. Electro également quand on découvre la reprise pour le moins inattendue des Stooges "I wanna be your dog" ou "Dernier lit" qui sonnent franchement techno. Elle s'offre même un voyage interstellaire en duo avec Perry Blake sur l'hypnotique "Graines d'étoiles" au rythme à la fois tribal et envoûtant que n'aurait pas renié un Massive Attack au meilleur de sa forme. Au milieu de ces quelques excentricités, il y a aussi quelques réelles douceurs, (histoire de justifier la toute première impression), "To the dancers in the rain", "Vu d'ici" ou "Chanson de toile" (sans Perry Blake mais avec son fantôme), là, partout, Emilie Simon excelle dans ces perles délicates qui pour le coup s'accordent parfaitement avec sa voix fragile.
Un premier disque excellent, qui trouve un ton juste sans aucune faute de goût, autant sur le dance-floor que dans le living-room. Enfin un dernier clin d'oeil à ne pas répéter : par grande déprime, mettre "Flowers" (l'histoire d'une fille qui achète des fleurs au garçon qu'elle aime tout en se demandant si ça se fait) : frais, drôle, rythmé, ça fout une putain de bonne humeur pour le reste de la journée. Merci Emilie. |
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