| | | par Sophie Chambon le 02/02/2007
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| Voilà un album enregistré en octobre 2005 au Théâtre Morlacchi, à Pérouse, en Italie et ce serait dommage de passer à côté des réalisations de nos amis transalpins. Seulement voilà, l'Europe artistique a encore des frontières et en France on est souvent un peu oublieux, voire négligent du travail de nos voisins, ces "cari amici". Il y a en Italie des orchestres formidables comme celui de Pino Mina Fra dans les Pouilles ou encore l'Instabile, et voici que nous découvrons cet Egea Orchestra, dirigé par Germano Mazzocchetti, arrangeur et compositeur de ce "Di mezzo il mare".
Il est question de reprendre dans une version orchestrale, des airs traditionnels, tarentelles et autres chansons napolitaines. Mais sans servir la soupe à un ténor Pavarottien - il ne s'agit pas de bel canto - ces versions instrumentales sont de véritables recompositions orchestrées avec élégance et vivacité, à partir d'un langage populaire et méditerranéen. Fusion donc de deux cultures, la classique et la populaire en une formule plutôt originale à l'oreille et évidemment bien plus complexe à mettre en uvre. Du bel ouvrage : couleurs orchestrales chatoyantes, solos brillants de chaque instrumentiste mis en valeur dans l'écrin velouté de la formation, calés dans une ryhmique qui tourne prestement.
Ils sont dix et l'ensemble reste étonnamment léger et délicat. Six longues compositions plongent dans une Italie plus ou moins rêvée et pourtant réelle, où l'on s'abandonne au vrai rythme latin, celui de la déambulation, de la découverte, des fresques et des palais, des temples et des églises, des ruelles étroites, des paysages d'oliveraies et de vignes ; tout cela traduit par l'amplitude et la fluidité de la musique de Germano Mazzochetti, musicien du classique et du contemporain.
Mais l'originalité est d'avoir fait appel à des musiciens qui savent se livrer à des improvisations libres. Ainsi, en est-il du pianiste de jazz Enrico Pieranunzi qui subjugue dans la ballade "Porto antico", ou dans la vigoureuse "Festa ionica" toujours dans son élément, quand il s'agit de dépeindre les véritables couleurs du paysage mélodique. Dans "Staccomatto", ou le final prestement enlevé "Mezzo e mezzo", le clarinettiste Gabriele Mirabassi, le frère de notre Giovanni, est lui aussi remarquable, comme le saxophoniste Pietro Tonolo dont chaque intervention est sensible et juste. Mais il serait juste de citer tous les musiciens de cet album, qui, au gré des écoutes, séduiront notre oreille. C'est d'ailleurs le qualificatif pertinent qui s'applique à cet album, tant il est "séduisant" dans la présentation comme dans la musique qu'il révèle.
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