| | | par Francois Branchon le 20/06/2000
| | |
| Tous les chemins mènent à la jouissance. Pour l'atteindre, les trois Dupain ont suivi des chemins pas ordinaires : les expérimentales "polyphonies marseillaises" de l'un (parues sous le nom de Gacha Empega sur le sérieux label local L'Empreinte Digitale), la musique répétitive catégorie Steve Reich du deuxième ou les percussions tous azimuts du troisième. Réunis, ils s'inventent leur architecture sonore : une boucle rythmique sur laquelle se greffent un tambourin, des percussions et ... une vielle à roue ! Un vrai bonheur de retrouver cet instrument, trop vite catalogué "sent la bouse" et que quelques musiciens font vivre (Nigel Eaton en Angleterre, Valentin Clastrier en France). Le chemin de Dupain n'est pas pavé de seules intentions musicales et, à l'instar d'un Massilia Sound System, a décidé de l'ouvrir : "prendre la parole est un acte politique" ! Samuel Karpienia, chanteur de son état, au passé de prolo affiché (il a bossé à l'effrayante Sollac de Port-de-Bouc et sait de quoi il cause), ne se prive pas d'une telle tribune pour balancer quelques bons vieux chants révolutionnaires ouvriers et relayer le discours anti-mondialiste. Affirmant une convergence entre leur action au sein du monde économique musical et celle d'un José Bové sur la bouffe, convaincus que la sauvegarde de la culture passe par les revendications sociales, les Dupain visent les ogres multinationaux entre les deux yeux, sans d'ailleurs craindre d'apparaître comme le bouffon du roi, puisqu'ils sont distribués par l'un des deux conglomérats qui dominent la musique mondiale (AOL-TimeWarner-EMI-Virgin). Tous ces chemins mènent donc à une belle jouissance, les textes sont bien emballés dans une langue provençale qui fait chanter une affaire et "L'usina", album plein d'énergie et d'enthousiasme, donne une furieuse envie de bouger, une envie saine et ensoleillée, bien plus vivante que celle des trous du cul de la french touch. |
|
|