| | | par Francois Branchon le 28/03/2005
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| Woody Allen refait toujours le même film, Paul Auster le même bouquin, mais qui se priverait d'aller voir ou lire leurs prochains rejetons ? Duke Robillard c'est pareil, il court sur le terrain ultra-balisé des douze mesures du blues, qu'il accommode à sa sauce bop/rhythm and blues, et même s'il se paie le luxe d'un double album, on ne s'ennuie pas une seconde.
Choisissant le terrain de l'hommage (à T-Bone Walker), entouré d'une rythmique assez flamboyante - Jesse Williams basse, Mark Teixeira batterie - et d'une section de cuivres imposante - trois saxos, trombone, cornet, trompette - Robillard fonce ("T-Bone boogie"), slalomme ("Alimony blues", "Tell me what's the reason"), glisse ("Love is a gamble", "Hardway") ou frissonne ("Blue mood", "I'm still in love with you", "Born to be no good"), toujours en souplesse, sa guitare jamais bavarde. Son blues n'est pas que formel et souvent, la musique s'échappe vers le bop, le charleston des années vingt ("("T-Bone boogie") ou des ambiances à la Louis Prima ("Lonesome woman blues", "T-Bone shuffle"). Tous ces gens ont du talent et de la technique, mais surtout des tripes et une sensibilité. Leur musique en est chaleureuse, vraie, et réjouit sans avoir besoin d'en faire des tonnes. Un vrai bon groupe.
Le deuxième disque est radicalement différent, intimiste et parfumé à l'acoustique (harmonica, contrebasse, clarinette, piano et guitare) où sur ses compos ou des reprises de Sleepy John Estes ("Someday baby"), Big Bill Broonzy ("Big Bill's blues") ou Jimmie Rogers ("Jimmie's Texas blues"), Duke Robillard promène une voix nonchalante et douce/rêche, osant même l'inévitable yodel sur sa reprise de Rogers. |
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