| | | par Jérôme Florio le 09/02/2006
| Morceaux qui Tuent When it'll be snowing Go well Bakery
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| Mauri Heikinnen a 23 ans et vient d'un village finlandais nommé Joutseno : sans se renseigner davantage, on imagine un endroit isolé, où la neige étouffe les sons. Le deuxième disque de Drowsy (après "Growing green" en 2005, qui s'est attiré quelques bonnes critiques), entre folk couvert de givre et onirisme rural, en porte les stigmates.
Heikinnen ne chante pas tout à fait comme un gars de son âge : les titres calmes à la guitare acoustique, qui composent la majorité de "Snow on moss on stone", sont intimistes et chuchotés. L'apparence de maturité précoce qui s'en dégage doit sans doute beaucoup à l'environnement de Joutseno, qui ne doit pas donner envie de pousser les potards à 11 : le temps semble au bord de se figer, ne reprenant son cours qu'à regret ("Hues", "Bed of pyre and wood"). Une austérité pas radine, qui s'étire sur un long "Words of warmth" perlé de parcimonieuses notes de piano. L'ambiance et la poésie simple, proche de la nature, trouvent des échos chez Nick Drake (le finger-picking sur "Go well"), Vashti Bunyan ("When it'll be snowing").
Mais la palette de Drowsy est plus riche, notamment quand il est accompagné d'une section rythmique avec son cousin Otto Venäläinen (aka Odkid) à la basse : "Bakery" et "Treehouse" ravivent les fables tordues et psychédéliques de Syd Barrett ou des tout premiers Bowie dans les bois de Joutseno, on croise aussi des elfes et des trolls.
La voix dévoile brusquement sa fêlure et se met à hululer sur "Off you go all authors", violent accès d'humour noir joué à l'harmonium - un morceau désossé qui irait bien au grand cousin américain Will Oldham dans un jour de bonne humeur.
Deux instrumentaux découpent le disque, qui le ramènent à chaque fois à un état proche de la catatonie : "Plangent suite" a le dernier mot, un funèbre accord de piano donnant le "la" à quelques notes en suspension, gelées comme des gouttes d'eau qui se figeraient avant d'atteindre le sol. |
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