La déchéance d'un
artiste se mesure à l'aune de la vénération qu'on lui a voué. Troubadour céleste des 60's, Donovan personnifiait à merveille cette essence
magique et vaporeuse s'échappant des accords, celle qui emmène loin,
et haut... Tirant un trait sur toutes ses tentatives rock, lourdes et
vaines, des années 70 et 80, l'album "Sutras" en 1996 laissait entrevoir de furtifs retours
de grâce ("Please don't bend") et puis plus rien.
Inspiration tarie. Donovan donne à présent
quelques concerts acoustique ici et là, sortes de "relevés de compteurs" pour cinquantenaires nostalgiques, à l'image de celui filmé ici à Los Angeles
en 2007 pour la fondation de David Lynch ("Fondation pour
l'éducation basée sur la conscience"...).
Et que dire sinon malaise...
Le set est un "best of" des grandes chansons du passé que Donovan, paré d'une tunique bariolée de rigueur, chante mal, ou
tout simplement qu'il ne parvient plus à chanter. Sa guitare est
une purge, acoustique au son métallique grinçant et surtout, moments
pesants, il inflige sur un ton conteur emphatique des transitions bouffies d'auto-satisfaction ("Moi et les Beatles, moi j'ai
appris le picking à Harrison, moi et les Beach Boys, moi et le
Maharishi, moi et untel..."), évoquant les autres pour se valoriser soi, typiques des has-been se
croyant toujours au sommet du cône.
Mentions spéciales aux
"guests" : l'ex-Beach Boys Mike Love, invité à "chanter" sur un
morceau et se contentant d'être là, courgette vivante béate, et
Celeste, la fille de Donovan, jeune paraissant déjà bien vieille, à
la voix sans intérêt. Un seul bon moment (à voir ici),
qu'il faut chercher dans les bonus : une version de "Sand and
foam", dont il improvise un pont proprement mystique jamais entendu à ce jour (petit
retour d'acide Mr Leitch ?). C'est
bien maigre pour un concert qui dans l'ensemble se fout du
monde.