| | | par Francois Branchon le 28/05/2006
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| On connaît Doc Pomus pour la liste interminable de ses compositions devenues des hits plaqués or des sixties (24 numéro 1 !), "Sweets for my sweet", "Little sister", "Lonely avenue", "Teenager in love", "Save the last dance for me"... ou, co-écrites avec Mort(imer) Shuman, parmi les plus belles du répertoire d'Elvis Presley ("Suspicion", "His latest flame"...). De la même manière que Shuman connut une autre vie "après", en l'occurrence en France, Doc Pomus en eut une "avant" les glorieuses années tubes. Et plutôt secrète.
Né en 1925 à Brooklyn, Jerome Solon Felder, petit Juif blanc, handicapé de naissance - une paralysie des jambes qui lui imposa les béquilles à vie - transgresse les codes familiaux et sociaux et fréquente les boites noires de blues et de jazz, à Greenwich et Haarlem, fasciné par Big Joe Turner et Wynonie "Mr Blues" Harris, qu'il suit à la trace, dont il se fait l'ami et finit par monter sur scène avec eux. Devenu Doc Pomus (pas question dans les années quarante que la famille découvre qu'il chante avec des nègres !), composant comme un fou, il se fait son nom, participe à des jams, et, sans qu'on ne sente de trace blanche dans la voix, planté sur ses béquilles, "shoute" son blues arrangé boogie jazz, et fait danser comme chialer ses publics noirs, qui l'avaient adopté comme un des leurs.
Il enregistrera nombre de disques sur de petits labels, mais chaque passage sur une grande compagnie (pratique courante à l'époque de rachat de petits succès pour en faire de plus gros) se heurtera au Mac Carthysme actif des années cinquante, sans pitié pour un blanc - fut-il juif - compromis avec les noirs. Cette réédition, au son très correct pour des enregistrements de cet âge, lève le voile sur une uvre méconnue, quasiment cachée, d'une des meilleures et prolifiques plumes qu'ait connu le rock'n'roll. |
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