| | | par Hugo Catherine le 02/09/2013
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| "Phon"
a la saveur d'une musique secrète. Mais qui dit saveur peut dire
torpeur. Il faut affronter un mouvement ample et sourd d'une
quarantaine de minutes. Certes, l'entrée en matière est
voluptueuse ; mais la volupté tourne à l'intimidation. D'abord
des pulsations de basse battent, en creux, une mesure invisible. Puis
un son énorme nous prend au piège, dans un élan de surimpression
sonore. Nous faisons une expérience de plus en plus traumatisante,
des bruits grinçants apparaissent, nous respirons un air saturé,
empli de stridences, de nappes-larsens. Une sensation de
claustrophobie prend ainsi le dessus, nous sommes cernés par un son
bien plus gros que nous.
A
mi-parcours, une respiration, enfin, le niveau baisse, nous reprenons
un peu notre souffle. Pourtant, la tension est toujours palpable.
Le trio Dirac (Daniel Lercher, Florian Kindlinger et Peter Kutin) travaille sur la persistance sonore bien plus que sur la
répétition pure et dure. En pleine reprise de souffle, les basses
lourdes nous rappellent au bon souvenir de nos traumatismes. En fin
de piste, nous sortons progressivement du tunnel "Phon",
des bruits d'écoulement de liquide non identifiable accompagnant
notre fin de parcours.
Superposant
couches acoustiques et électroniques, Dirac fait la démonstration
de son approche à la fois puriste (une prise, une piste, un album)
et perfectionniste (haute main sur l'ensemble du procédé créatif,
de la performance à la masterisation). Seule une écoute
exigeante pourra contempler la profondeur de ce son. |
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