| | | par Francois Branchon le 02/06/2004
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| Septième album pour Diana Krall, et un cadre un peu différent, formation réduite au quartet, les standards oubliés pour un répertoire plus blues (les reprises de Mose Allison, Tom Waits ou Chris Smither) ou plus "pop" (Joni Mitchell et les compositions de son Elvis Costello de mari).
Mais l'environnement "romantisme marketing" est toujours aussi gênant, même s'il est aujourd'hui plus discret. On ne nous vend plus de l'aryenne à tout crin, mais la supposée rêverie d'une Stevie Nicks jazzy devant l'électrophone de salon sur "Night train" d'Oscar Peterson, tout cela sent l'artificiel et les fausses années 50.
Parallèlement, on nous assène des arguments en béton armé : la dame a vendu des millions de disques, chiffres de vente vertigineux, et comme les "gens ne sont pas des cons", c'est bien la preuve qu'elle doit avoir du talent. CQFD. Et lyrique, la maison de disques (Verve, du groupe Universal) de partir en dérapage extatique : "Diana Krall est la plus grande chanteuse que le jazz ait connu depuis des décennies...". On ne nous précise pas jusqu'où remontent les décennies en question, mais pourquoi autant de frilosité ? Krall est "la plus grande chanteuse de tous les temps", ainsi on est tranquille et qu'importe les grands noms... Vous dites que Billie Holiday est morte pauvre ?? Quelle conne cette Billie !
"The girl in the other room" aurait pu s'appeler "the girl next door" (la fille banale) : c'est un disque qui passe sans qu'on le remarque, qui sent son savoir-faire malgré le talent d'instrumentiste, une voix toujours "à distance", une production visant le joli et sophistiqué, parfois précieuse ("Temptation" de Tom Waits, un comble), coulant Allison et Smither, Mitchell et Costello dans le même moule. Et "Stop this world, there are too many pigs" (Mose Allison), dans la bouche de Krall ça ne passe pas vraiment... Évidemment, les mâles peuvent toujours fantasmer, mais gare, à présent Elvis veille... |
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