| | | par Emmanuel Durocher le 28/05/2009
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| Depuis vingt ans, Depeche Mode sort ses albums avec une régularité métronomique (et calculée ?). Tous les quatre ans, les trois musiciens de Basildon - rescapés d'à peu près tout (séparations, crises d'ego, drogues...) - ont-ils encore quelque chose à prouver et à offrir après avoir vendu des millions de disques à travers la planète ? Ce douzième effort en studio peut-il apporter quelque chose à une oeuvre débutée en 1981, passée du rose bubble-gum ("Speak and spell") à l'anthracite mélancolique ("Violator"), respectée aussi bien par les fans d'electro que les gothiques métalliques ?
"Sounds of the universe" (ce titre pompeux sonne un peu comme "Music for the masses") débute par une entrée en matière bruitiste évoquant la période berlinoise du milieu des années 80 et l'influence Neubauten, "In chains" est presque un titre expérimental où cohabitent les guitares grinçantes et les synthétiseurs analogiques faisant régner une certaine légèreté libérant les membres de leurs chaînes et contredisant ainsi son titre. Les douze morceaux suivants jonglent habilement avec les genres afin de plaire au plus grand nombre où la pop lorgne aussi bien du côté du rock à guitares que de l'electro-pop synthétique avec les très convaincants "Fragile tension" et "Come back" mais aussi les anodins "Hole to feed" et "Perfect"
Universalité sonore ne rime pas pour autant avec uniformité musicale et les Anglais se font aussi plaisir avec "In sympathy" un excellent titre électronique rempli de tension sous-jacente, "Jezebel" une chanson lente et triste, hantée par la voix fluette de Martin Gore - toujours étrangement décalée par rapport au timbre de prédicateur de Dave Gahan - et un exercice instrumental, mélange de Krautrock et de bande originale de film, "Spacewalker" est une rencontre pas si improbable entre Can et François de Roubaix.
Pourtant, c'est en retrouvant une jeunesse à jamais perdue que les presque quinquagénaires semblent prendre leur pied. Entre démon de midi musical et madeleine sonore, Gahan, Gore et Fletcher bidouillent et trifouillent les sons de leurs premiers albums pour en fournir des versions dépressives et modernes avec "Little soul", "Peace" ou "Corrupt" alors que l'efficace single "Wrong" joue avec des nappes brumeuses à la Visage sorties des méandres de la synthwave.
Ce disque sympathique (et un peu lassant sur la fin) n'est pas une révolution, il se présente plutôt comme un condensé de la carrière de Depeche Mode. Les papys de la pop sont devenus maîtres dans l'art du recyclage (ou de la mise en abyme) de leur son - heureusement le look a évolué car le cuir SM ne leur convient plus vraiment... |
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