| | | par Jérôme Florio le 17/01/2006
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| Denny Doherty était un des deux "Papas" (avec John Philips) de l'impeccable groupe The Mamas and The Papas, créateur entre 1964 et 1972 d'une radieuse "sunshine pop" qui a largement contribué à la mythisation dans l'imaginaire collectif d'un certain style de vie Californien l'"endless summer", promesse de plaisirs infinis sous un soleil éternel. La chute n'en a été que plus rude.
En 1974, la fête est un lointain souvenir : Janis, Jimi, Jim ont quitté le navire, la jeunesse est hébétée devant une guerre du Viêt-Nam qui atteint des paroxysmes de violence. Dans ce contexte, "Waiting for a song" est presque un anachronisme : une quasi-réunion des Mamas and Papas, puisque Doherty s'y fait accompagner aux churs par Michelle Philips et l'imposante Mama Cass - dont ce sera le dernier enregistrement, elle décédera la même année d'une crise cardiaque. Sous la dorure des churs parfaits, une marque de fabrique - et des mélodies, "Waiting for a song" porte en lui une énorme incompréhension : comment en est-on arrivé là ?
Les compositions de Denny Doherty sont minées par le doute et la détresse. "Give me back that old familiar feeling" implore (qui donc ?) un aperçu d'une époque dont il ne subsiste que des reflets ; on entend par exemple "won't somebody listen to my song ?" ("Children of my mind"), "you've been searchin' everywhere / for something to believe in / it's never there..." ("Simone")... Doherty ne semble plus trop savoir à qui il s'adresse, et l'optimisme de rigueur sonne trop beau pour être vrai ("I'm home again", "It can only happen in America").
Toutefois, le savoir-faire mélodique de Doherty résiste assez bien à quelques scories dans l'air du temps : un intermède sudiste un peu pénible ("Southern comfort"), une choucroute telle que les affectionnait Elvis période Las Vegas ("You've lost that lovin' feelin'"). Et puis "You'll never know", c'est cent fois mieux qu'Abba, ces espèces de surgelés Findus. "Wainting for a song" est un disque certes ensoleillé, mais il est difficile de se départir du sentiment que "Lay me down (roll me out to sea)" sonne comme l'expression d'une dernière volonté. |
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