 Pop Rock | | 1974 | Album Original + Bonus | Un CD EMI 2004 |
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SPIRALE | | |
| | | par Chtif le 15/07/2004
| Morceaux qui Tuent When you rock'n'roll with me
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| 1973 : Bowie plane bien au dessus des simples mortels. Il vient denfanter trois chefs-duvre consécutifs, "Hunky dory", "The rise and fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars" et "Aladdin Sane", illuminant de sa grâce certaines des plus belles pages de folk, de rock et de jazz que lon ait entendues ici bas. Sa carrière file au firmament dans un sillage de poudre détoiles
1974 : dure redescente. Dhôtels de luxe en fêtes jet-set, dextravagances en errances nocturnes, Bowie flippe et commence à batifoler avec lautre versant, le sombre. Exit le glam, exit les paillettes, place au bad trip qui attendait son heure, tapi dans lombre. Car inutile de préciser quà cette époque, Bowie ne carbure pas quà la Vittel. Les relations avec son entourage se détériorent : après une dernière réunion pour lalbum de reprises "Pin ups", le guitariste Mick Ronson part tenter sa chance en solo. Les autres Spiders le suivent. Cest dans ce contexte que Bowie découvre "1984" de Georges Orwell et trouve dans cette vision dun monde totalitaire et oppressant lécho de sa paranoïa naissante. Très impressionné, Bowie veut adapter le roman en comédie musicale, mais se heurte au refus de la veuve Orwell. A défaut, les compositions déjà écrites seront les fondations de son album suivant, "Diamond dogs", aujourdhui réédité à loccasion de son 30ème anniversaire.
La pochette est signée Guy Peelaert, auteur du fameux recueil dillustrations "Rock dreams", et représente une créature quasi-mythologique mi-Bowie mi-chien que lon croirait directement issue du "Freaks" de Tod Browning. Derrière la façade, le panorama angoissant dune société aliénée, au cur dune cité sous contrôle. Les harmonies sont complexes, torturées à limage des paroles, destructurées selon la technique décriture de William Burroughs, licône maudite de la beat generation que Bowie admirait et fréquentait régulièrement à lépoque.
Le disque souvre sur un hurlement de bête, et sur cette phrase : "This aint rocknroll, this is genocide". Le ton est donné et lon naura que peu de répit jusquà lapocalyptique final "Chant of the ever circling skeletal family". Le chant sépulcral de "We are the dead" anéantit toute lueur despoir, le très soul "1984" étouffe lauditeur sous ses arrangements foisonnants et un tantinet arabisants. "Big Brother", lui, a lair plus désinvolte et attrayant, malgré son effrayante signification : les dictatures aussi diffusent leur propagande et se parent de leurs plus beaux atours pour mieux contrôler les masses
Heureusement la salvatrice ballade "When you rocknroll with me" permet à lauditeur de ne pas sombrer complètement : une grande bouffée dair, de quoi se maintenir à flots une vie durant.
On regrette tout de même que Bowie ait décidé, par défi, de jouer seul toutes les parties de guitares : labsence denvolées limpides à la Mick Ronson empêche le progressif et très (trop?) ambitieux "Sweet thing" datteindre les sommets que lon aurait pu espérer. Il manque en outre une certaine cohérence entre les morceaux : les seul hits de l'album, les très stoniens "Diamond dogs" et "Rebel rebel" semblent perdus au milieu de ce disque aux trompeuses allures de concept album. Plusieurs bonus agrémentent cette réédition: des versions alternatives de "1984", "Rebel rebel", "Diamond dogs", dont certaines déjà connues des fans, la reprise "Growin up" de Springsteen, et le plus primesautier "Dodo". Sympa mais on reste un peu sur notre faim.
Ce disque est encore aujourdhui le préféré de son auteur, mais cela ne lui aura pas remonté le moral. Il partira sur la route, décharné derrière le costume livide de sa nouvelle incarnation, Halloween Jack, et boira encore moins de Vittel. Sur lalbum "David live" qui en témoigne, la plupart des morceaux de "Diamond dogs se présentent sous un jour encore plus funky. La nouvelle métamorphose du bonhomme approche
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