| | | par Sophie Chambon le 16/06/2007
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| Pédagogie à tous les étages dans ce Dvd proposé par Daniel Humair, un véritable "discours de la méthode", appuyant ses analyses et commentaires toujours simples et précis sur une expérience musicale personnelle impressionnante et inattaquable (enseignant au Conservatoire National Supérieur de Musique, et depuis plus de cinquante ans, sideman des plus grands ou leader invitant de jeunes instrumentistes à s'éclore dans ses nombreuses formations). Pour les batteurs de jazz qui commencent le métier, les questions sont "qu'est ce qu'un batteur de jazz ? comment improviser et pourquoi ne peut-on pas utiliser ce qu'on connaît du tambour pour le faire ?"
Le DVD se présente en trois parties. La première, "Découvertes et connaissances", détaille tout de l'instrument : choix des réglages, position et tenue des baguettes, rôle dans l'orchestre et le langage jazz. Daniel Humair présente sobrement, en expliquant ses choix : considérer la grosse caisse comme un tom supplémentaire au son très grave, préférer jouer avec les talons posés sur les pédales de grosse caisse et de charleston (élasticité dans les mouvements, donnant un claquement de charleston sec et coupant), saisir les baguettes toujours à plat, évitant le réglage incliné des fûts... Avec logique, il explique qu'il faut savoir se ménager, que parfois un effort plus grand donne un résultat moindre : l'olive de la baguette doit avoir le circuit le plus long, suivre un mouvement gracieux qui vient de très haut et le batteur ne doit jamais perdre de vue que l'attaque doit revenir immédiatement. Démonstration à l'appui, il explique que des "papa maman" ou des "moulins" exécutés dans le vide, auront l'avantage, sans déranger les voisins, de donner l'aisance et la sûreté du geste. Enfin, seul le tempo travaillé le plus lentement et le plus régulièrement possible permet d'obtenir une maîtrise parfaite.
La deuxième partie intitulée "Pédagogie" est constituée d'exemples nombreux et de démonstrations éloquentes soulignant le travail d'indépendance totale, les écueils du phrasé ternaire, le travail spécifique du jeu de balais, sans oublier des exercices qui sont proposés aux apprentis batteurs. Gaucher naturel mais ambidextre par ailleurs, son style et sa technique sont uniques et il prodigue ici quelques-unes de ses recettes, son travail des timbres les plus variés, comment distribuer de façon complexe et asymétrique les accents tout en conservant une grande continuité rythmique...
La troisième partie propose un court métrage sur le travail en studio, avec Louis Sclavis et Jean Paul Celéa, d'un des titres de l'album "Air libre" du guitariste JP Muvien et ensuite le même morceau "Couscous purée", joué en concert au Triton, en novembre 2005.
Daniel Humair témoigne ainsi avec bon sens et efficacité de sa formidable expérience de la batterie, un instrument à qui il a su donner ses lettres de noblesse, le "démilitarisant" du tambour de base. Son credo implique la "prise de pouvoir du soliste, qui a un rôle d'initiateur, d'arrondisseur d'angles et de soutien du tempo". Il souligne aussi l'importance de la chanson des fûts, conseillant de travailler plus encore que la figure rythmique, sa petite chanson, à la façon des percussionnistes indiens qui chantent les phrases, avant de les jouer. Enfin, chez ce musicien exceptionnel est resté intact le désir de garder toujours main mise sur sa propre distribution de sons, en club ou dans une salle de concerts. Il est, décidément, encore à l'heure actuelle, l'une des meilleures illustrations de la fonction créative de l'instrumentiste-batteur de jazz. |
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